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 La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]

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MessageSujet: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 22:17

Note de l'éditeur

Toutes ces lettres sont vraies, lecteur, soyez-en persuadé. Car si vous n'êtes pas convaincu jusqu'aux tréfonds de votre âme, vous ne pourrez ni comprendre ni apprécier à leur juste valeur ces précieuses preuves de vie. Si vous ne l'êtes pas, alors ne perdez pas votre temps en une lecture vaine, et laissez les crédules rêver ensemble devant ce recueil aussi fascinant que mystérieux.


Dernière édition par Santiago Volturi le Dim 9 Aoû - 17:36, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 22:18

3 Octobre 1913
Allemagne

Cher papa, cher maman,

J'espère que vous allez bien. Vous devez sans doute être pressés que je vous parle de ma nouvelle vie, mais permettez-moi de m'inquiéter de la vôtre. L'hiver s'annonce-t-il dur ? Les récoltes ont-elles été suffisantes pour vous permettre de ne pas souffrir de la faim ? J'aimerais tellement pouvoir vous aider, malheureusement ce n'est pas encore possible. Je regrette de ne pouvoir vous écrire plus souvent ; le papier, l'encre, le prix de l'envoi... Je ne puis me le permettre et c'est bien triste. Vladimir me manque, comment va mon grand frère chéri ? S'il arrivait à se faire remarquer, on verrait tout ce suite à quel point il est prometteur. Oui, je le soutiens, ce n'est pas un rêveur, c'est un poète, un poète qui fera sans doute beaucoup pour l'empire ! Le tsar a besoin de soldats pour son armée, certes, mais ce n'est pas un guerrier, c'est un artiste, et il a sans nul doute grand besoin d'eux en ces temps si sombres... Embrassez-le pour moi. Mon pays me manque presque aussi fort que vous ! Les plaines immenses, paisibles et secrètes, le picotement du froid sur la route de l'école, la pêche dans le lac l'été... Les communistes s'agitent-ils encore ? Je me demande comment tout cela va se finir... Ah, j'oubliais de vous parler de moi. Excusez-moi, vous allez donc être satisfaits. Enfin, si on veut...
Le voyage a été long et plutôt désagréable. Les tensions montent, la famine est partout, moi-même j'ai eu très faim, et j'étais contente quand j'arrivais à trouver du pain... Les gens ouvrent de moins en moins leur porte aux étrangers, et mon accent russe semble les incommoder encore plus. Les nuits sont froides. C'est la solitude qui me pèse le plus. Depuis que je suis arrivée ici, c'est un peu différent. J'ai réussi à trouver un aubergiste qui a accepté de m'héberger et de me nourrir en échange d'un travail. Je sers, je nettoie et je dois parfois tout faire toute seule. C'est beaucoup de responsabilités, surtout quand le patron descend à la cave le soir et que je suis aux commandes ! Je fais de mon mieux, les clients sont très gentils, enfin, on fait ce qu'on peut pour ignorer les commentaires. L'allemand ne ressemble pas à notre langue, et tant mieux, ce qu'ils disent ne m'intéresse pas. Je n'ai pas encore parlé à mon patron de salaire, donc j'ignore encore quand je pourrais vous envoyer de l'argent.

Je vous embrasse, L.

31 Octobre 1913
Allemagne

Cher papa, chère maman,

Vladimir va-t-il mieux ? Comme je m'inquiète depuis que votre lettre m'est parvenue ! Combien de fois lui avons-nous dit de ne pas faire l'imbécile avec ces gauchistes tordus, il va finir par se faire arrêter, et ça, je ne le supporterai pas ! Moi qui croyais que vous m'apporteriez de bonnes nouvelles, je vous avoue que j'ai beaucoup pleuré en la recevant. Mes malheurs me paraissent bien légers en comparaison des vôtres... J'aimerais vous aider ! Pourquoi suis-je partie ? Mon pays me manque, ma langue me manque, mon village et ma famille me manque. L'école, l'enfance me manquent... J'ai quitté Bale hier. Le patron n'était pas du tout gentil, c'était un salaud et un soiffard. Il... Je me suis promise que je ne vous ennuierai pas avec mes problèmes. Les deutchmarks qui sont avec la lettre sont pour vous. Est-ce que ça fait beaucoup, changé en notre monnaie ? Vous vous demandez peut-être comment je l'ai eu. Et bien, quand je me suis enfuie de l'auberge (sans le sou et ce n'était pas cela le plus gênant) ma robe était déchirée donc je suis passée par des ruelles discrètes. Un homme m'a abordée, m'a proposé de l'argent en échange de quelque chose. Je lui ai dit que ce qu'il me demandait m'avait déjà été arraché par la force, que j'avais besoin d'argent, alors nous nous sommes mis d'accord. Il était gentil, lui, peut-être bien que c'était un type bien. Vous ne m'en voudrez pas, j'en ai gardé un peu pour moi.

Je vous embrasse, L.

Le 1er Novembre 1913
Allemagne

Si tu avais été moins con, tu aurais pu te la garder, ta jolie serveuse. Il t'aurait suffit de lui poser la question, poliment. Ben oui, parce que même avec les putes les plus pouilleuses, on est poli monsieur. Tu tires ton fournisseur par les oreilles pour qu'il te livre du boeuf, toi ? En tout cas, t'as eu ta chance et tu l'as ratée, mais bien ratée ! Tu te plains ? Ben là tu vas pleurer. Ta colombe, elle était vierge. Enfin, plus à mon passage vu que t'étais déjà passé par là comme un bourrin ! Ce que je veux dire, c'est qu'elle s'était jamais essayée à faire l'amour. Laisse-moi te dire que si les femmes s'améliorent avec l'âge comme le bon vin, je retourne l'épouser tout de suite ! Elle a une peau d'une douceur... Certes, la peau est un peu blanchâtre, et elle n'a que la peau sur les os. Mais comme tu as pu le voir, elle a une poitrine qui tient dans la main, mais quel effet une fois dans la main ! Oui, mon vieil ami, t'as été con sur ce coup-là et moi j'ai été malin. Tiens, j'ai même été gentleman, je l'ai payée. Au départ je voulais avoir un coup gratis, et puis j'ai été généreux. Elle avait une bouche, aussi, la salope...
Allez, à plus. Et garde-moi fraîche la prochaine petite Russe que tu vois, j'ai horreur de passer après toi.

16 Décembre 1913
Pologne (Varsovie)

Cher papa, cher maman,

Tout va mal. Je n'ose même pas vous demander si cela va aussi mal pour vous, une réponse positive m'anéantirait tout à fait. Personne ne veut m'employer, sauf pour faire le ménage, enfin, ce qu'ils appellent faire le ménage, c'est un large panel d'humiliations qui sont soldées par une misère. J'ai tout le temps froid. Plus encore que chez nous, parce que chez nous, votre amour me tenait chaud. Ici il n'y a que l'égoïsme, la manipulation, l'avidité. J'ai peur des hommes, papa. Je n'arriver plus à les regarder sans que mon coeur s'accélère et que mes yeux me piquent. Mon ventre s'est fait tout petit et tout creux, comme une outre desséchée qui se fendrait si on y verserait de l'eau. J'ai si faim que je me demande si manger normalement ne me tuerait pas. Quoi que ça ne risque pas de m'arriver ! J'ai peur mais je n'ai pas le choix : si je veux vivre, je fais ce que me demandent les hommes. Et ce qu'ils veulent, ce pour quoi ils me donnent de l'argent... Vous auriez honte. J'ignore si vous accepterez ces billets. Je vous en prie, prenez-les. Reniez-moi si vous voulez, mais vous, vivre, je vous en supplie !

Je vous embrasse, L.

23 Décembre 1913
Moscou

Si tu pouvais m'envoyer encore un peu d'argent, maman, je te serais bien reconnaissant. Aves les amis, on a du mal à recruter du monde, bientôt ce sera l'afflux, mais pas tout de suite. Je suis si content que ma soeur ait trouvé un bon travail. Gouvernante pour des riches Allemands ! Elle qui est si jeune, elle a dut batailler pour avoir cette place... Elle le mérite ! Félicite-là bien fort dans ta lettre. Quand compte-t-elle revenir ? Je sais que tu m'as déjà dit que c'est mieux pour tout le monde qu'elle reste chez les riches, à l'Ouest, mais elle me manque, maman.
A très bientôt, je passerai vous apporter en personne des nouvelles de la ville.


Dernière édition par Santiago Volturi le Dim 2 Aoû - 23:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 22:18

1er Janvier 1914
Pologne (Varsovie)


Cher Vladimir,

Cette fois je t'écris en personne parce que je n'ai confiance qu'en toi. Toi seul me croira, et puis, tu es le seul à qui j'ai envie de le raconter.
Heureusement que j'ai quitté l'Allemagne à temps, la guerre gronde là-bas. Il semblerait qu'il aient des différends avec les Français. Tout cela ne me dit rien de bon, ce pourquoi je suis partie à l'Est. Plus près de toi, aussi. Papa et maman envoient des lettres si courtes ! Ils ont donc tant de peine qu'ils n'osent pas me l'écrire ? Et si peu ! Deux depuis mon départ. Elles coûtent donc si cher ? Oh, je ne veux pas m'imaginer des choses horribles, mais je crois qu'ils m'oublient un peu. Enfin, ce n'est pas de cela que je voulais te parler.
J'ai rencontré un homme qui ne me fait pas peur, Vladimir. Non, je n'ai pas du tout peur avec lui.
J'étais assise par terre, à côté du gros tonneau vide où je me glisse quand il pleut, qui n'est même pas assez grand pour cacher mes jambes. Parfois certains veulent absolument que je me pose dessus pour leurs caprices. Peut-être ont-ils l'impression de pécher dans une cave à vin, je l'ignore, et pour tout te dire j'y pense le moins possible. J'avais la tête penchée sur mes genoux, mon gilet de laine rapiécé et ma robe dégoûtante était trempée : j'avais l'air pitoyable. Le pire ? Cela ne me fait plus rien. J'y suis habituée... Comme faire semblant d'aimer les horreurs qu'on me fait, tout vient à l'avenant... J'ai entendu une voix dans la nuit.


"- Mademoiselle ?"

J'ai eu peur, parce que je n'avais pas entendu de pas, et j'ai sursauté. Reculé un peu vite, et poussé un cri. Il s'est approché. Au début, je ne pouvais pas le voir, parce que je cachais mon visage avec mes mains. Et puis, très doucement, des doigts plus glacés encore que les miens les ont écartées. Je l'ai regardé. Oh, Vladimir, je ne sais pas si tu peux imaginer à quel point il était magnifique ! Même toi, qui te moques des hommes, tu aurais voulu écrire un poème sur lui.
Il a une figure très finement dessinée, aux détails mûrement réfléchis, comme si un sculpteur y avait amoureusement passé sa vie... Un nez volontaire, aux narines fines, ni grand ni petit. Un menton volontaire, rehaussé d'une bouche chaussée du plus beau des sourires. Il peut faire toutes les mines à la perfection, je suis sûre qu'il est excellent comédien, je sens sa malice, sa filouterie. Il a une peau si blanche, que dans la nuit j'ai d'abord cru voir un fantôme, et puis quand il a pris ma main pour l'approcher de ses lèvres, j'ai compris que c'était un homme vivant. Et exceptionnel.


"- N'ayez pas peur de moi. Je ne vous ferai pas de mal.
- D'a-d'accord."


J'étais si soulagée ! Qu'il me laisse tranquille, qu'il ne me déblatère pas ses projets immondes ou ses opinions sur mon physique ! Il me regardait aussi, dans les yeux, et je t'avoue que les siens me faisaient un peu peur. Rouges, rouges tous les deux. Pourtant ils étaient très doux, très gentils. J'adore ces yeux. Il a toujours l'air de mijoter quelque chose, d'en savoir plus que toi, d'avoir une longueur d'avance sur tout le monde. Il a fermé les yeux, a posé un baiser poli sur ma paume et s'est redressé.

"- Comment est-ce que vous vous appelez ?
- Vous aussi."


Je croyais qu'il m'avait dit que j'étais jolie, d'ailleurs j'avais rougi en lui répondant. Mon accent (et surtout ma réponse si tu veux mon avis) a dut l'interpeller, car il a haussé un sourcil et effleuré son menton. Il a dit plusieurs phrases dans plusieurs langues différentes, tâtant à la recherche de la mienne, et puis il a trouvé la bonne. J'ai pu alors répondre à sa question en russe, ce qui, c'est vrai, m'a fait un bien fou.

"- Je n'aime pas donner mon vrai nom."

Ses lèvres ont frémi, il m'a offert son premier sourire. Sans me demander, il ma prise par les épaules pour m'aider à me relever. Je ne me suis pas débattue, juste crispée : il avait la peau si fraîche... Mais je n'avais pas le droit de dire quoi que ce soit, chacun ses mystères, et un homme qui ne me fait pas peur a le droit d'être un monstre s'il veut.

"- Alors comment dois-je vous nommer ?
- Loubia.
- Est-ce votre prénom, que vous me donnez en ayant l'air de faire la farouche, ou un autre ?
- Cela, vous ne le saurez jamais."


Il sourit un peu plus, et parut réellement amusé par moi. Ses cheveux brun foncé avaient de discrets reflets noirs, et roux. On aurait cru, tu sais, la terre fraîchement arrosé de pluie, et touchée par le soleil. Ses épais sourcils sombres étaient très expressifs, il avait l'air d'aimer en lever un en souriant. L'air de se moquer du monde, aurait dit papa.

"- Et bien Loubia, il semble que vous ne soyez pas dans une situation confortable. Je me trompe ?
- Non, monsieur.
- Pas de monsieur, je vous prie. Appelez-moi Santiago.
- Bien, monsieur. Je veux dire... Santiago."


Cette fois ce fut moi qui lui souris. Il s'approcha, appuya son bras sur le mur. Il portait un vêtement brun lâche qui paraissait flotter autour de lui, avec de longues manches, pas de bijoux, un pantalon noir et des chaussures noires. Simple, mais élégant. Tu vas me dire que je suis sous le charme, et tu as raison. Je le suis. Qui ne le serait pas ?

"- Bah ? Ma belle, t'es occupée à ce que je vois ?"

C'était le gros porc qui revenait trop souvent à mon goût. Il avait l'air de m'avoir élu comme jouet préféré. Les hématomes sur mes bras et mon visage, c'est son piment du plaisir. Aussitôt en entendant sa voix, ses pas dans la ruelle étroite, je me suis aplatie contre le mur et je me suis frottée les bras, dents serrées.

"- Mademoiselle ?
- Loubia.
- Pardonnez-moi. Loubia, vous connaissez cet homme ? C'est lui qui vous loue ?"


Me louer ? Je lui lançai un regard horrifié, il passa une main dans ses cheveux et rectifia avec une grimace.

"- Vous paie-t-il pour être sa maîtresse, et vous attendre ici, je veux dire ? Êtes-vous à sa solde ?
- Je suis à la solde de n'importe qui ! Et de personne ! Si je pouvais, je rentrerais chez moi. Là-bas, il fait froid, la vie est dure, mais jamais, non jamais on ne m'a forcée à devenir une... Pute..."


Il s'est approché de moi, et je crois bien qu'il allait s'excuser et me prendre dans ses bras, quand l'autre abruti est arrivé. Il s'est glissé entre Santiago et le mur, avec son gros ventre qui le gênait, et respirait fort. A ma vue un rictus pervers monta à ses lèvres. Moi, c'était de la bile et un frisson.

"- Je vois que vous êtes pas là pour la baise... Vous laissez la place ?"

Il avança pour la prendre, mais Santiago lui a calmement posé la main sur la poitrine.

"- Cette jeune fille n'est pas une professionnelle. C'est une étrangère dont vous abusez. Vous m'excuserez, cependant je vous conseille vivement de repartir d'où vous êtes et de vous ortienter vers des femmes désireuses à l'avenir."

L'autre mit un bon moment à comprendre tous les mots que Santiago avait dit, moi je ne compris rien, seul son ton poli et froid. L'autre a pris ça à la rigolade.

"- Vous rigolez ! Catin on ne l'est pas, on le devient ! Toute femme dépucelée est une catin, vous le savez pas, ça ?
- Votre odeur et votre haleine auraient suffi à m'avertir sur vos proverbes douteux. Faisons comme si je n'avais rien entendu. Cette jeune fille va venir avec moi et vous, vous allez dégager de ce passage que vous osbtruez."


Le gros porc a essayé de s'énerver, mais là Santiago a fait quelque chose que je n'ai pas compris. Il l'a aplati contre le mur, couic, on aurait dit une souris dans les pattes du chat (grosse, la souris, mince, le chat). Il me semble même qu'il a couiné. Et là il s'est approché tout près de lui. Un roulement de pierre a résonné en écho autour de nous, j'ai sursauté, je crois bien qu'un mur s'est effondré à ce moment-là.
Je ne sais pas ce qu'il lui a dit, mais il a filé aussitôt. Santiago a marmonné quelque chose, haussé les épaules et m'a emmenée avec lui, dans sa chambre d'hôtel. Quand je suis entrée, j'ai eu un peu peur, encore, mais il m'a rassurée et m'a demandé de dormir. Ce matin, j'ai eu un petit-déjeuner nourrissant et un mot qui me dirait qu'il me rejoindrait demain à l'aube. Je suis si contente, Vladimir, cet homme ne me fait pas peur.
Je crois bien que je l'aime déjà...


Je t'aime, grand frère. L.

13 Février 1914
Russie

Vladimir, ton père et moi aimerions que tu te rendes en Europe trouver ta soeur. D'après ses dernières lettres, elle a fait la rencontre d'un Européen, non ? Arrange-toi avec elle, il faut qu'elle comprenne que c'est une chance inouïe qu'elle tient là. Dans ses lettres, elle reste évasive, mais à toi, peut-être qu'elle osera dire sa richesse, son attachement ? Un peu d'argent supplémentaire, emprunté aux riches pour nourrir les pauvres, voilà le mieux qu'elle puisse faire pour nous. Si tu ne peux te déplacer, envoie-lui au moins une missive. Nous comptons sur toi. Les temps sont durs, très durs. Nous ne pouvons nous permettre de laisser passer une chance pareille.

14 Février 1914
Russie

Petite soeur, je n'ai pas le temps de t'écrire une longue lettre comme tu t'attendais à recevoir. Ici tout le monde est en colère, la disette est partout, je ne peux me permettre de m'attarder. Il faut que tu arrêtes d'écrire à papa et maman. Pars avec ton Européen, pars loin de nous. Ils ne sont déjà plus nos parents. Je veux qu'ils croient que tu t'es enfuie avec lui, que tu es morte, que tu nous as oubliés, n'importe quoi, pourvu qu'ils arrêtent de... Je ne peux pas tout te dire, je manque de temps et de courage. Tu es une femme aujourd'hui, vis ta vie sans penser à notre enfance. Ces jours-là sont bien finis, ma chère soeur, et l'égoïsme et le mensonge sont devenus le seul moyen de survivre. Je n'aime pas te savoir en train de courir l'Europe - la France en ce moment, quelle idée ! C'est la guerre là-bas, la guerre ! - mais je préfère encore ça plutôt que ton retour, ou ta crédulité au service des opportunistes.

Je t'aime, soeurette. Vladimir.


Dernière édition par Santiago Volturi le Lun 3 Aoû - 14:25, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 22:18

5 Mars 1914
Angleterre

Cher Vladimir,

Je n'ai pas compris ta lettre, et tes ordres, et j'ai beaucoup pleuré en lisant ce que tu me demandais. Comment peux-tu me dire de vous oublier ? De ne plus vous aider ? Te rends-tu compte de l'envergure de ce que tu me demandes ? Santiago n'est rentré que le soir, et quand il m'a vue les yeux rougis il a voulu savoir ce qui n'allait pas. J'ai d'abord prétexté que la France me déplaisait, avec ses collines rocailleuses, son froid brumeux de montagne et ses villages endeuillés par la guerre. Il ne m'a pas crue, je crois, il a quand même fait nos bagages. Il est toujours très gentil avec moi. Il m'apprend des choses, les mathématiques un peu, la littérature surtout, il me félicite pour ma culture. J'aime voyager avec lui. Il est si sage, si savant ! Je lui montre un arbre, il m'en donne le nom et les propriétés. J'entends une langue, il me la nomme et m'en chantonne quelques mots. J'émets une idée, il la développe ou la contredit, pour mieux me faire comprendre ma propre opinion. Parfois, il me fait réaliser que je me contredis ! Alors, gênée, je ris, et il rit avec moi. Nous nous promenons, les paysages sont différents d'un pays à l'autre, la France et l'Allemagne, la Pologne et l'Autriche... J'en veux plus, j'en voudrais tant ! Mais je ne suis pas là pour m'émerveiller.
Santiago et moi avons pris le train puis le bateau jusqu'à une île, le Royaume-Uni. L'Angleterre a des villes froides, humides, grises et grouillandes. J'ai peur à Londres. Alors nous sommes partis à la campagne, et parce que j'ai vraiment confiance en lui, je lui ai parlé de toi et de ma lettre. Il m'a suggéré de trouver une nouvelle adresse à te fournir, et il s'est tu, plongé dans ses pensées. Je crois bien qu'il était triste parce qu'il n'a plus été joyeux de la journée, il souriait mais c'était pour me faire plaisir. Je l'aime, Vladimir, je ne sais pas s'il m'aime, peut-être que je le lui dirai un jour. Pour l'instant je n'en ai pas besoin, nous sommes bien tous les deux et c'est tout ce qui compte. Et puis il m'a dit que la meilleure solution était que je fasse ce que tu voulais. Que si la Russie tombait dans la guerre civile, tu serais soupçonné d'espionnage et de contrebande en recevant des lettres de l'Ouest et de l'argent. Je l'ai supplié de me permettre d'écrire. Il n'a pas voulu. C'est la dernière lettre que j'ai le droit de t'envoyer, grand frère chéri ! Comme c'est triste de penser ça. Te reverrai-je un jour ? Santiago m'a promis que, quand l'Europe aura retrouvé un peu de paix, nous irons tous les deux te rendre visite. Si seulement la guerre pouvait se finir demain !

Je t'embrasse, L.
PS : si je peux, j'essaierai de t'envoyer un ou deux petits mots sans qu'il le sache. Surtout, brûle-les dès que tu les as lues.

*Note de l'éditeur : Vladimir n'ayant aucune envie d'effacer les preuves d'une liaison à l'étranger, se contenta de cacher les missives de sa soeur. Il écrivit plusieurs lettres à ses parents prétendant qu'il s'inquiétait du silence de L. mais n'ouvrit plus leurs réponses.

10 Mars 1914
Angleterre

Vladimir,

J'ai bien reçu votre lettre et en ai pris connaissance hier. Je vous avoue que je n'ai su si je devais y répondre. Mais voir votre soeur si mélancolique après voir avoir envoyé son dernier mot, m'a convaincu que c'était nécessaire. L'homme qui est avec votre soeur n'est pas humain, Vladimir. J'espère que vous m'appréciez assez pour ne pas douter de mes paroles, ou plutôt de mes écrits, car ils sont véridiques. Ce type est séduisant au diable, beau comme un dieu, il prend grand soin de la petite mais ce n'est ni un gentleman ni un quelconque homme d'honneur. C'est une créature que je n'ose nommer dans une lettre, car ne l'oublions pas, la mission que vous m'avez confiée est confidentielle, et tombée entre de mauvaises mains... Je n'ose imaginer ce que ces foutus Allemands feraient d'un monstre pareil. N'ayez crainte, votre soeur se porte à merveille. Ils vivent dans des hôtels, visitent les musées et les alentours, ils discutent. Beaucoup d'argent, sans doute une rente, puisqu'aucun d'entre eux ne travaille. Il n'a pas l'air d'avoir remarqué une seule de mes filatures ; c'est que je suis plutôt débrouillard. J'ai réussi à le suivre dans une de ses sorties nocturnes, où j'ai eu le violent déplaisir de le voir sous son vrai visage. Il tue des gens, monsieur. Il tue des gens qu'il pioche dans les rues, la nuit, et les mange. Ce n'est pas un humain, vous dis-je. Et il les laisse dans un état à peu près intact. Il n'est pas fou, juste... Il les assome, ou leur brise le cou avec une surprenante facilité, et se penche sur leur cadavre. Ensuite, il va se laver les mains et la bouche et repart comme si de rien n'était. Si vous devez vous méfiez de lui, monsieur, il n'en ai aucunement le cas pour votre soeur. Il veille sur elle, et peu de monde se trouve mieux en sécurité qu'elle aujourd'hui. Dois-je poursuivre ma mission ?

Cordialement, G.

29 Décembre 1915
Italie (Volterra)

Mon vieil ami,

J'ignore ce qui depuis quelque temps te retient loin de Volterra, mais quoi ou qui que soit cette raison, prends-y bien garde. Ici, on s'interroge. Heidi combat avec virulence les rumeurs qui commencent à s'épaissir autour de ton absence prolongée. Tu connais les hommes, même immortels. Toi, mieux que quiconque, peux deviner la jalousie, la rancoeur et l'anxiété de ceux qui t'admirent, t'en veulent ou désirent te garder. N'es-tu pas le dernier vampire du tout premier millénaire ? Quatre plus tard, ils n'ont toujours pas changé. Les idées qui trottent dans la tête de mes frères ces derniers temps me déplaisent, mais je n'y mettrai aucun frein : ce serait inutile. Aro découvrira tôt ou tard que je t'ai écrit cette lettre, et à partir de cet instant tu ne pourras connaître le repos. Il lancera Démétri à tes trousses, ainsi que les jumeaux, et tu n'auras plus guère de chances de leur échapper. Je t'offre trois mois de répit, durant lesquels je serais en Brésil pour une histoire d'affrontement entre clans. Passé ce délai, il sera trop tard pour fuir.
Tu dois revenir ou fuir, Santiago. Et fuir, c'est mourir. Personne n'osera te tuer, d'ailleurs pourra-t-on y réussir ? Mais te miner de l'intérieur, cela nous le pouvons, et nous le savons, nous Volturi, mieux que nos proies. Si c'est une femme qui te retient, amène-là, en la transformant s'il le faut. Si c'est un ami, trahis-le, il t'oubliera. Si c'est une mission, achève-là. Tu connais les extrémités où parviennent les seigneurs qui craignent de perdre leur premier, antique, magnifique trésor, ce sur quoi ils ont construit leur richesse entière...
Prends garde à toi. Ce n'est pas parce que nous sommes vieux que nos coeurs ne peuvent être atteints de folie. Je ne veux pas te perdre d'une quelconque façon, mon ami. Fais attention.

12 Avril 1916
Angeleterre

Mon cher frère,

J'ai bien peur que Santiago se soit lassé de moi. J'ai pris le risque de l'écrire, parce que j'ai à tout pris besoin de t'en parler. Oh, Vladimir, comme je me sens coupable ! Je suis ennuyeuse, je suis trop bête, cela ne fait aucun doute ! Cela fait plusieurs mois qu'il est enfermé dans une sorte de rêverie sombre, dont il ne sort qu'au matin, quelques heures. Il est distant, parle peu et médite beaucoup. Il reçoit des lettres et il écrit, il contourne mes questions et ne sourit plus. Je l'entends parfois soupirer "Je ne le ferai pas, je lui donnerai ce qu'il veut, ma capitulation" ou "Il me fait languir à tenir Démétri en laisse sans le lâcher. Un renard qu'on chasse de son terrier avec de la fumée..." ou "Trouillard de collectionneur psychopathe" J'ai voulu le forcer à me montrer le message qu'il envoyait, il m'a foudroyée du regard, claquée contre le lit et a quitté la chambre ; ça fait mal, mal au jambes et au coeur... Les larmes sont venues toute seules. C'était la première fois qu'il était méchant avec moi. Je ne comprends pas, peut-être qu'il a compris que je l'aimais et que ça l'agace ? Il essaie de me faire comprendre... Mais je n'ai pas envie de comprendre ! Oui, je suis une belle égoïste. Santiago ne m'aime pas... Santiago ne m'aime pas ! Je lui ai dit que s'il le voulait, je pouvais partir et rentrer chez moi. Il m'a longuement regardé, il m'a demandé si je parlais sérieusement. Et là, et là ! Je me suis mise à pleurer. Il a dû faire sembler de me consoler pour que j'arrête ! Oh, Vladimir, comme tu dois avoir honte de moi ! Tu me manques toujours beaucoup. Donne-moi d'autres nouvelles de papa et maman, s'il te plait. Tu ne m'en donnes pas beaucoup... Les vois-tu autant que moi ?

Je t'embrasse, L.

12 Avril 1915
Italie (Volterra)

Santi,

Marcus ne te force à rien, parce qu'il est presque soudé à son château, mais ce n'est pas mon cas. Je sais ce qui te retient en Europe du Nord, c'est toujours la même chose. Ce n'est pas en veillant sur des humains, en réalisant un ou deux de leurs rêves futiles, en les aidant que tu rendras le monde meilleur ! Si c'est son coeur qui te tracasse, si elle s'est amourachée de toi, laisse-moi te dire que je vais ôter ses mains crochues crispées sur ton palpitant. Et si c'est toi qui aimes, alors je viendrais avec Chelsea et j'irai jusqu'à demander à Alec de t'anesthésier. Je refuse que tu sois condamné pour tes foutus espoirs d'un autre siècle. Pourtant, toi qui a tout vu, tout vécu, tu devrais être blasé ! Non, Santi, il n'est pas question que je t'abandonne. Si tu ne te débarrasse pas d'elle... Je le ferai pour toi.

PS : reviens, Santiago. Ne sois pas l'idiot...

1er Mai 1915
Russie

Monsieur,

Cela fait plus de six mois que ma soeur a quitté son pays, et c'est la première fois que je suis sulagé à son sujet. Enfin, quelqu'un de sensé et de responsable l'a prise sous son aile ! Il est vrai qu'au début, je me suis méfié de vous. Je vous ai effectivement fait suivre, et il est d'ailleurs étonnant que vous ayez joué le jeu, toujours est-il que cela ne m'a pas du tout rassuré. Je me suis rongé les snags entre chacune de ses missives dans lequel je cherchais le moindre prétexte pour crier au loup et déclencher la révolution vers l'Ouest. Sur ce point, je dois vous rendre grâce, vous avez réussi à rendre ma soeur heureuse. Comme vous avez pu le constater, c'est un ange, innocente, généreuse, curieuse et désintéressée. Vous avez su voir la perle noyée dans la boue, vous l'avez aimée (ne me dites pas le contraire ; qui ne l'aimerait pas, même un peu, dès à partir du moment qu'il a un coeur ?) et l'avez protégée de la misère.
Ici, avec nous, ou là-bas seule, elle serait de toute façon en train de crever de faim ou de quelque maladie supureuse . Vous me demandez de venir la chercher et de l'arracher à vos bras - et à son bonheur. J'ai le regret de devoir refuser.
Déjà parce que cela m'est impossible. Sortir, entrer, circuler en Russie est devenu compliqué et dangereux, si ce n'est pas suicidaire. Y vivre même est d'une difficulté aberrante ; elle est fragile, elle n'y survivrait pas. Ensuite parce que je ne pourrais pas m'occuper d'elle, l'instabilit" politique me prenant tout mon temps et mon argent. La révolution prochaine occupe mes jours et blanchit mes nuits. Ma soeur ne supporterait pas ce frère-là, qu'elle s'imagine resté le poète gai et idéaliste qu'elle a quitté il y a plus d'un an. Ici, elle mourra de faim et se soit, d'un viol qui aura mal tourné, de folie peut-être. Non, je suis désolé, je n'en suis pas capable. Je vais vous avouer quelque chose : ma soeur n'est pas faite pour notre monde. Elle est condamnée, et je sens à votre lettre que vous le savez très bien. C'est pour cela que vous lui avez offert une vie jour après jour, sans avenir lointain, riche et passionante. Vous saviez que, de toute façon, elle allait mourir. Moi, je l'ai compris quand elle est partie. J'ai pleuré pour la dernière fois de ma vie, j'ai pleuré ma soeur qui partait à la mort. La question reste : comment va-t-elle perdre la vie ?... Je ne saurais trop vous demander de vous charger de cette dure besogne. Oui, vous. Elle vous adore, elle comprendra. Vous ferez ça proprement, le plus doucement possible. Peut-être pensez-vous que je suis un salaud, que vous vous êtes trompé sur mon compte. Croyez-moi, mon cher inconnu, les Russes ne rient plus. Il n'y a plus que pour se moquer des optimistes qu'il nous arrive de porter un rictus bien laid...

Embrassez ma soeur pour moi. Vladimir.


Dernière édition par Santiago Volturi le Lun 3 Aoû - 23:56, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 23:19

    Salut Jade xD Hâte de voir cette fiche ! Love
    (si t'as besoin d eplace pour ton histoire, je pourrais toujours supprimer ce message hein xD)
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 23:53

20 Mai 1915
Russie

Ma soeur, à ce que je vois, vous a beaucoup parlé de moi. Elle a, j'imagine, vanté haut et fort le poète idéaliste, le frère attentionné que j'étais quand elle m'a quitté. Le ton outré, la déception évidente de votre réponse ne fait aucun doute là-dessus. Ce que vous ignorez, (et ne pouviez deviner seul) c'est que mon adorable soeur se trompe sur mon compte. L'image de son frère est vieille, dépassée, jaunie. J'ai changé, et je le sais.
La faim me rend hargneux, l'alcool qui me fait tenir me rend violent, la poésie ne me sert qu'à arranguer ou formater les foules, j'ai trahi et je trahirai encore, bref, je suis devenu exactement le type d'enfoirés que je voulais combattre.
C'est pour cela que je ne puis, une nouvelle fois, accepter de vous rendre service. Je peux comprendre que ma proposition vous révolte ; vous me paraissez être un homme d'honneur, ou du moins de justice. Vous proposer de tuer ma soeur... Vous savez, étranger, quand j'ai laissé ma soeur qur le quai de la gare, j'ai pleuré pour la dernière fois de ma vie. Parce qu'elle allait me manquer ? Oui, mais pas seulement. Je la voyais partir, aussi clairement que je la voyais mourir. Pour moi, ma soeur est déjà morte, monsieur. Un ange sur cette terre ne peut qu'être condamné au pire, puisqu'ici il n'y a de place que pour les renards, et les vipères.
Je vais écrire à ma soeur une lettre qui ne manquera pas de l'ébranler. Dans les mots qu'elle m'envoie, elle me dit que vous êtes distant, d'humeur maussade. Continuez, voire accentuez ce comportement. Moi, je la mettrais en garde, je saurai actionner les bonnes manettes. Si elle ne vous quitte pas d'elle-même dans les jours qui suivent, je veux bien me faire royaliste ! Et dans ce cas, vous n'aurez plus à la cacher, ni vous à fuir. Vous serez libre.
Et elle aussi. Vladimir.

1er Juin 1915
Italie (Volterra)

Je sais où tu te caches, Santiago, et tu dois t'en douter puisque c'est ce qui te doit cette charmante missive. Remercie notre vieil ami commun, le charismatiaque Démétri, qui m'a fait l'honneur de m'informer que tu te terrais en Ecosse. Voyons, mon cher, quel intérêt a pour toi ce lac cent fois démystifié ? Méfie-toi que nous ne venions secouer les légendes. Tu m'as fait une promesse, il y a longtemps certes, mais tu me l'as faite et nous nous en souvenons tous trois. Ta jolie oiselle a été épargné, nous n'y avons jamais touché, elle est morte de sa belle mort à ce qu'il me semble. Non ? Es-tu prêt à marchander à nouveau, pour une autre âme sans défense ? Sache que je suis toujours prêt à engager des marchés, tant qu'ils sont justes, Santiago. Mais si tu ne nous reviens pas bien vite, nous irons te chercher nous-mêmes, amitié ou pas, et cette fois je t'assure que rien ne m'empêchera de l'étriper sous tes yeux.
Cordialement.

PS : je te donne jusqu'à l'automne, en souvenir du bon vieux temps. L'automne, Santiago. Quelle fascinante saison, tu ne trouves pas ?...

2 août 1915
Ecosse

J'ignore qui lira cette lettre. Je ne l'adresse à personne, puisque personne ne pourra la comprendre. J'écris avec des mots, avec ce qu'il reste de mon coeur, mais y a-t-il quelqu'un qui pourra ressentir ce que je ressens ? Compatir à ma peine ? Déplorer de n'avoir été là ?... Je refuse de me plaindre à l'homme que j'ai déjà tant ennuyé, alors c'est au secret de la plume que je me confesse.
J'aime Santiago. Pour toujours. Une des choses qui me sont devenues les plus chères, c'est d'essayer de le connaître le mieux possible. De découvrir ses goûts, ses tendances, ses peurs. Il est de moins en moins là. Quand il me regarde, j'au toujours l'impression qu'il hésite à faire quelque chose. Il y a comme de la colère dans ses yeux, de la colère et de la tristesse, de l'agacement aussi. Je ne sais pas pourquoi. C'est aussi cela que je regrette ; il est presque impossible de lire en lui. On a beau tenter de savoir ce qu'il pense, on se trompe ou on abandonne. C'est un mystère qui n'a pas d'âge. Sans doute m'y perdrais-je si j'y réussissais...
La plupart du temps, il le passe avec moi. Monsieur est un homme de bon goût : il aime se promener dans ses endroits beaux, riches, étranges ou farfelus. Le cinéma, les spectacles lui plaisent, surtout les pièces de théâtre grecques qu'il trouve "troublantes". Son occupation favorite ? La discussion. Ou apprendre, ou partager ce qu'il sait, peut-être bien les trois. Santiago est un amour qui ne rechine jamais devant la nouveauté. Il essaie tout ce qui se présente à lui, et en conclut ensuite si c'est une mauvaise chose, ou une bonne.
C'est un amoureux de l'Histoire. Il nous emmène dans chaque musée des villes que nous visitons, où il s'arrête devant presque toutes les oeuvres, pose des questions auxquelles il écoute attentivement les réponses, il discute avec les gardiens et les guides. Parfois je me demande s'il n'en sait pas plus qu'eux. Mais quand il en trouve un ou une qui partage sa passion, il change et devient plus beau encore, et il s'agite en faisant vivre les Vickings ou l'art gallo-romain. Il adore avoir un public ; qu'on l'écoute, qu'on s'intéresse à lui, qu'on argumente avec ou contre lui. C'est un bavard - attention, dans les conversations qui l'intéressent. Sinon, il se ferme et vous montre clairement qu'il se moque de ce que vous dites. Il adore peser le pour et le contre, chercher les bonnes et les mauvaises choses chez les gens, décrire et analyser la complexité d'un visage, d'un arbre, d'un bâtiment. C'est un grand ami de la nature, qui ne manque jamais de lui rendre hommage, d'en prendre soin, de faire partager ses secrets. Il a l'air de parler d'elle comme d'une très vieille amie. Peut-être que c'est le cas... Qui sait ?
Il a horreur de l'injustice, du hasard vicieux, des coups du destin tordus. Je le vois à se mordre la lèvre quand il croise un enfant mendiant, beau comme un ange, à taper du pied quand les impôts laissent les gens démunis, à foudroyer du regard les groupes saoûls qui titillent le garçon timide resté dans son coin. Son aversion la plus incompréhensible réside dans son dégoût pour la nourriture. Je ne sais pas ce qu'il mange, mais sûrement pas comme moi, parce qu'il fait la grimace dès que je mange dans la même pièce que lui. Il déteste qu'on fasse semblant, qu'on joue la comédie - et pire que ça, être pris au dépourvu, piégé à son tour. Peut-être parce qu'il se sent vulnérable, qu'il se dit qu'il n'a pas encore tout appris, qu'il est possible de l'avoir et de le trahir. Alors il ronchonne un moment, maudit celui qui a osé (moi en l'occurence, une fois) et pardonne à celui qui s'est fait pardonner.
Je me demande s'il m'aime ou me déteste. Je crois bien qu'en ce moment, il me hait de plus en plus... Il me cache, il part souvent et sans prévenir, sans cesse sur le qui-vive. C'est la guerre. Les Russes sont-ils cherchés pour être tués ? C'est possible, oui. Demain je sors en cachette prendre des nouvelles de l'extérieur. S'il s'avère que je suis un handicap pour lui, qu'il risque sa peau pour moi, je me livrerai. Je n'ai pas peur. Non... Santiago m'a sauvé la vie, et m'a offert tout ce que je désirais. Je ne crains plus de mourir, à présent. Seul, mon frère, mes parents, vont me manquer... Lui aussi, bien sûr, mais... C'est la seule solution.

Mademoiselle L.

3 août 1915
Ecosse

Monsieur,

C'est un drame tout à fait imprévu qui m'a forcé à vous écrire si tôt. Si c'est des nouvelles de l'étranger et de votre soeur que vous vouliez, en voici. Si c'était des bonnes nouvelles que vous désiriez, je suis au regret de vous annoncer que ces mots n'en contiennent pas.
Elle est morte, Vladimir. Morte ce matin.
On ignore tous comment c'est arrivé. J'attendais au bas de leur hôtel en attendant qu'il sortent, vers huit heures. La demoiselle aime se promener tôt le matin avec son compagnon. Compagnon que je trouve bien moins locace qu'il y a quelques mois, quand je vous ai écris ce-que-vous-savez. Ils sont donc sortis, il m'a lancé un long regard (j'ai cru une seconde qu'il m'avait démasqué) et a poursuivi son chemin. Seulement, la demoiselle lui a demandé si elle pouvait faire un tour de son côté. L'homme a paru très surpris, voire méfiant. Il m'a de nouveau regardé, a demandé à votre soeur pourquoi, subitement, elle voudrait de la solitude.

"- Et toi, tu n'as pas besoin d'être seul de temps en temps ?" lui a-t-elle gentiment répondu.

Votre soeur, à ce propos, est d'une santé éclatante. Je veux dire était, excusez-moi. Ses cheveux avaient poussé si vite qu'elle avait du les attacher en une natte, et elle sinuait dans son dos en un serpent doré. Ses immenses yeux marine étaient luisants d'entrain et de vie, sa peau de rousse d'une délicatesse à croquer. Elle portait une longue robe blanche, et un manteau gris qu'elle avait laissé ouvert. Tout le monde l'admirait. Il faut dire qu'elle était superbe. Son aura, aussi, sans doute, nous attirait tous. Grâce à ce jeune homme. Il avait su trouver le diamant, en prendre soin et le protéger. A présent il rayonnait de toute sa beauté.
J'ai choisi de suivre votre soeur. J'ai pu donc assister au meurtre le plus violent de toute ma vie. Ah, monsieur, épargnez-moi une description ! Elle s'est avancée pour aider un miséreux qui se terrait sous une cape, et le clochard lui a bondi au visage. Quand je suis revenu (je l'avoue, mes jambes m'ont porté loin) il ne restait plus d'elle grand-chose de beau ou de rayonnant. Du sang partout, des vêtements tâchés, des cheveux blonds. Tracé au sol, en une écriture tremblante, ces mots anglais :

FATE OR FAULT ?

J'ignore leur sens, monsieur Vladimir, mais je suis à présent dans un grand désarroi, comme vous l'imaginez. Tout le monde est aux abois, bien sûr, une violence pareille, vous imaginez... Alors que je vous écris, l'étranger n'est pas encore arrivé. Je vous enverrai le reste demain.
Toutes mes condoléances, monsieur. Mon Dieu, quelle histoire, mon Dieu...


Dernière édition par Santiago Volturi le Mer 5 Aoû - 22:49, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 23:55

cheers

Vivement! Vivement! Vivement!!!

kiss:
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 2 Aoû - 23:59

Y a déjà un pitit morceau, là ! Na mais oh... Je pense continuer demain midi, et demain soir, mais ça sera peut-être un peu long, parce que je vais pas mal travailler cette semaine... == M'enfin je ferais de mon mieux ! ^^
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeLun 3 Aoû - 0:19

Fiche captivante !
Encore un Volturi Very Happy
nos rang se renflouent, on va pouvoir conquérir le monde ! Mouhahahaha !
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeLun 3 Aoû - 12:38

Haaa, super, les volturi bientôt au complet !!

Le début de ta fiche est captivant (K)

Pfiiiou et Santiago en plus *-* C'est ma Heidi qui va être contente <3 xDDD
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeLun 3 Aoû - 12:48

De toute façon les fiches de Jade sont toujours superbes I love you

(J'aime James Franco, aah ! Love )
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeLun 3 Aoû - 12:53

J'adore ta fiche *.* (et l'avatar Cool )

Le monde est de plus en plus dangereux avec tous ces Volturis qui apparaissent Contrarié (pauvres humains XD)
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeMar 4 Aoû - 1:02

Haha, Magnifique Razz Jade tu m'étonne de plus en plus, et avec un si bel ava en plus de ça Razz

Tu veux pas nous dire qui a envoyé les lettres à S. ?
La 1ere je penche pour Marcus, la 2e pour Heidi ou Afton ^^

Bref, continuuuuue *-*
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeMar 4 Aoû - 9:15

Gagné, Callie ! La première est de Marcus, et la seconde, d'Heidi... Pas mal comme sans faute !
Il me reste une lettre de Vladimir, deux lettres de G., une autre lettre de Vladimir et enfin la plus attendue, celle de Santiago lui-même. Je vous poste ça, hmm... Normalement les trois premières ce midi, le reste ce soir. J'aurais fini (normalement) aujourd'hui, voilou !
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeMar 4 Aoû - 11:19

Haha, quelle ouf Razz

J'ai vraiment hâte de voir *-*

Juste une mini question ^^'
J'adore la mise en page de ta fiche et tout, mais n'oublie surtout pas de parler des critères habituellement demandés...
Genre son âge, ses loisirs, ce qu'il aime/aime pas...
J'te fait confiance Wink
Courage kiss:
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeMar 4 Aoû - 13:27

L'aime/aime pas, c'est prévu dans la dernière lettre de mademoiselle L. (tiens d'ailleurs j'avais oublié que je devais l'écrire celle-là ^^"), ses loisirs aussi. Son âge, sa mentalité profonde, et une partie de son histoire, ce sera pour la lettre de Santiago lui-même. J'hésite encore sur la fin (triste, bien sûr, sinon c'est pas drôle) à donner à ce mini-roman épistolaire, mais ça ne devrait pas tarder... :p
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeMer 5 Aoû - 23:17

4 août 1915
Ecosse

Comme promis, voici la suite des tristes événements d'hier.
Je me suis présenté aux villageois comme un parent de votre soeur, pour pouvoir chasser les curieux et éviter un scandale encore plus horrible. Avec un grand gaillard, nous avons éloigné tout le monde en attendant qui-vous-savez. Il est arrivé en marchant très vite, le visage empreint d'une peur très vive, quelques minutes après à peine. J'ai fait signe au type de s'en aller, il a eu la sagesse de partir.
Il a vu la demoiselle, s'est arrêté à deux pas d'elle et s'est figé d'horreur. Sur ma vie, monsieur, sur ma vie je n'ai vu de spectacle aussi troublant. Durant de longues secondes, il est resté plus crispé qu'un métal tordu. Ses yeux paraissaient tenter de crever ce corps abandonné, cherchant l'auteur de ce crime, cherchant la raison de ce sang sur les murs. Et puis, il a fermé la bouche, forci les muscles de sa mâchoire et a remué de nouveau - toujours aussi tendu. Il s'est agenouillé auprès d'elle, a caressé sa joue, a fermé son oeil intact. Nous ne disions rien, ni l'un ni l'autre.

"- Qu'avez-vous vu ? a-t-il dit tout à coup, d'une voix que je qualifierai de terrifiante.
- Beaucoup de choses, mais rien qui ne puisse vous aider, répondis-je avec un geste des bras.
- Etait-ce une personne comme moi ?"

J'ai pâli, je l'avoue. Il ne me regardait même pas. Ses yeux parcouraient le corps en se durcissant au fur et à mesure qu'ils s'emplissaient d'images sanglantes.

"- Monsieur, je ne...
- Vladimir aimera savoir qui l'a tuée, peut-être autant que moi. Ne pensez-vous pas ?
- Vous avez raison. (Soupir) Vu la vitesse vulgurante à laquelle cela s'est passé, je suppose que c'est bien une personne comme vous."

Un grincement fort désagréable m'a vrillé les tympans. Il me semble que ce n'était que l'homme qui frottait ses dents les unes contre les autres. Agacé ? C'était le moins qu'on puisse dire.

"- Pourquoi êtes-vous encore là ?
- Je ne comprends pas. Pourquoi ne suis-je pas déjà parti ?
- Non. Que faites-vous ici, alors que Vladimir m'avait lui-même conseillé de mettre fin à ses jours."

Vous auriez pu me dire que vous communiquiez avec lui, monsieur ! De quoi avais-je l'air, en cet instant, je vous le demande !

"- Monsieur voulait savoir quand, comment et par qui sa soeur mourrait. C'est tout."

Il poussa un grognement méprisant.

"- Vous pourrez amplement le satisfaire. Lui décrire comment un vampire de petite taille et de grande cruauté a pratiquement écartelé et vidé de son sang sa petite soeur. Qui est-ce, je l'ignore encore, mais j'ai mon idée là-dessus."

J'ai dû m'éponger le front. Pourtant, il ne faisait pas si chaud.

"- L'aimiez-vous ?"

Il a brusquement relevé la tête.

"- Que voulez-vous dire ?
- Elle était folle amoureuse de vous. Prête à se suicider si c'était pour assurer votre survie. Et vous ? Que ressentiez-vous pour votre protégée ? La regrettez-vous seulement ?"

Je crus un moment qu'il ne me répondrait jamais. Et puis...

"- Oh oui, je regrette..."

Une vive douleur se lut sur ses traits, puis il se reprit.

"- Je regrette de n'apprendre jamais assez bien de mes erreurs, je regrette d'empirer le sort de ceux que je voudrais sauver, je regrette de semer la souffrance et la mort où je voudrais au contraire distribuer la chaleur de la vie.
- Vous avez contourné ma première question.
- Je n'étais pas amoureux, si vous voulez vraiment savoir. Je comprends l'attachement que Vladimir a pour elle, puisque c'est un sentiment semblable que j'éprouvais. Mais la dernière fois qu'une femme a conquis mon coeur... Je me suis enchaîné pour l'éternité."

Il s'est relevé avec le cadavre contre le torse. Ni le sang, ni les viscères éclatés, ni l'odeur immonde n'avaient l'air de gêner. Il avait l'air soucieux, ailleurs.

"- La vengerez-vous ?"

Il me lança un dernier regard.

"- Pourquoi la vengerais-je ? C'était la seule solution.
- (déglutition difficile) La seule solution, en effet."

Déçu, déprimé, je m'apprêtais à repartir vous écrire ma lettre quand quelqu'un m'a tapoté l'épaule.

"- Je ne suis pas Dieu, et même Dieu ne venge pas ses fidèles. Mais puisque je ne suis pas ce type, il est possible que je fasse quelque chose. Adieu, monsieur l'espion. Saluez Vladimir pour moi."

Et il a disparu entre les dédales...

16 août 1915
Italie (Volterra)

Que non, mon cher ami, je n'ai rompu aucune promesse ! Serais-tu en train de mettre en doute ma parole ! Santiago, voyons, reprends-toi. Ce n'était qu'une pauvre petite humaine ! Tu me rappelles ces écervelés qui pleurent des semaines durant leur chien tué à la chasse, et qui l'enterrent, et qui montrent ses photos à ses enfants... C'est un comportement récurrent chez toi, et ça, je t'assure que je ne le comprends pas. Pourquoi t'acharnes-tu à vouloir aider des créatures qui, de toute façon, mourront, qui, de toute manière, nous serviront de dessert ? J'ignore bien entendu qui peut bien être le vampire "petite taille, que je soupçonne pétri de sadisme puisqu'il a pris la peine de peindre un peu de philosophie à mon égard" qui a pris l'initiative de tuer ta dame. Je t'avais promis jusqu'à l'automne ; sommes-nous seulement au automne ? Non, que non, bien sûr que non.
Je n'arrive pas à croire que tu t'emportes comme tu le fais dans ta lettre. Tu es libre, désormais ! Plus rien ne te lie ni ne te retient ! Ce ne sera que la neuvième personne que tu auras voulu sauver... Et combien ont connu un sort meilleur après ton passage ? Une à ce qu'il me semble. N'était-ce pas Rosa ? Si, la très jolie Romaine qui t'avait conquis tout entier, à tel point que tu étais prêt à tout sacrifier pour elle ! Je la remercie une nouvelle fois, car c'est grâce à elle que je te dois d'être parmi nous sous mon aimable commandement. N'est-ce pas la seule qui a vécu et mort en paix ? Les autres ont tous reçu un beau retour de leur condition, malgré tous tes efforts. C'est mignon. Le vampire le plus vieux du monde, le plus respecté sans nul doute, qui ne cesse de croire à un possible rachat pour l'homme ! Oui, je le répète, c'est très mignion. Mais c'est pour les enfants, Santiago.
Toi, tu dépasses les 4000 ans. Il serait temps que tu t'assagisses... Oh, oui, il serait temps...

Ton ami dévoué.

1er septembre
France

Vous tous !

Oui, vous tous, car à aucun d'entre vous je n'ai à cacher ce que j'ai à dire. Vous, Volturi, soldats immortels, beautés intemporels, savez-vous sur quoi repose votre si belle organisation ? Je vais vous le dire, puisqu'on se borne à le murmurer.
Sur du chantage.
Savez-vous QUI a eu l'idée de créer un ordre pour discipliner les vampires, devant leur apocalyptique règne du plus fort ? QUI a réuni les plus sages de son époque pour instaurer des règles qui vaudraient pour l'ensemble des immortels ? QUI a choisi ce nom, ce mot italien qu'il trouvait sonner si bien aux oreilles ? QUI, enfin, a été honteusement trahi par un de ses plus chers amis ?
Ne nous attardons pas sur l'identité de cet homme, ils se languit dans son incapacité. Non, ce qui nous intéresse, c'est ce fameux ami qui l'a trahi.
Ce type était un immortel ambitieux, très ambitieux, gai et hypocrite, glissant comme les couleuvres, et cupide comme Midas. Il s'appelait Aro, et il avait deux frères.
Voyant l'homme s'enhardir à créer un nouvel ordre pour les vampires, il a pris la décision d'être absolument à la tête de ce fameux ordre. Ni second, ni troisième. Lui et ses frères seraient les seigneurs, les rois qui gouverneraient des dieux vivants. Oui, mais pour cela il fallait évincer l'investigateur du projet avant qu'il ne se fasse connaître, et vite.
C'est alors qu'il dit la découverte d'une liaison. Le vampire était amoureux et aimé d'une humaine. Une charmante Romaine de dix-sept ans, intelligente et passionnée, qu'il s'était promis d'accompagner jusqu'à sa fin. Il n'aurait pas pu trouver de meilleur marché. Il envoya l'amant lui chercher quelque chose à l'autre bout de la ville, trouva la fille et l'enleva. Ah, on peut lui rendre grâce, il la drogua pour l'endormir. Et il retrouva le vampire avec l'humaine.
Le marché était simple. Son silence et son abdiquation au profit des trois frères, contre la femme. N'ayant pas le choix, l'homme accepta. Il promit de ne jamais révéler le lourd secret des vieux vampires. Il se promit aussi de ne plus faire confiance à personne, d'avoir peu d'amis et de se méfier de tout le monde - mais surtout, dès la mort de Rosa, de ne plus retomber amoureux. Ce qu'on ignore de ce vampire, c'est qu'il est très doué pour deviner les gens, et s'adapter à eux. C'est donc pour la première fois depuis près de 2000 ans que je vais être sincère avec vous. Aro, Caïus, votre empire est fondé sur une trahison. Sur quoi se finira-t-elle ?
Une révolution ?...
Ma promesse est devenue branlante. Car cette fois vous vous en êtes pris à ce que vous n'auriez pas dû frôler. Si, en plus de ne pas avoir de loyauté, vous n'avez pas de mémoire, je me chargerais de jouer ce rôle... C'est normal, entre amis, on se rend service.

Lis ou ne lis pas cette lettre, Aro. Je sais déjà ce que tu ne feras pas. Tu as oublié qui tu étais, un nouveau-né menteur, faiblard et trop ambitieux que j'ai aidé à évoluer. Souviens-t-en, mon ami, souviens-t'en.
Ou je me rappellerai qu'à mon tour, je me dois de te trahir...

Santiago, ton crédule vieux Maître. N'est-il pas ?...

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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeJeu 6 Aoû - 12:34

Hinhinhin, alors alors...

Bon, y'a aucun doute, c'est une fiche superbe. Très bien écrite, pas de fautes, originale... On est tous d'accord là-dessus. Néanmoins, et on se fait toujours piéger quand on s'écarte un peu trop du modèle de fiche originale, c'est qu'il manque des info - et on peut pas te valider comme ça.

On a le nom et le prénom (Santiago Volturi), l'âge (4000 ans), le statut (vampire), la classe sociale (j'ai cru comprendre qu'il était riche), le caractère, la description physique (tout juste 7 lignes), les loisirs, aime-n'aime pas, le caractère accentué (il n'a pas de don, ce n'est pas explicite mais on le comprend vu que rien n'est dit à ce sujet ; mais j'aimerais tout de même un caractère particulier qu'il a développé après sa transformation - tous les vampires ayant quelque chose en plus), et enfin l'histoire du personnage (que je trouve bien faiblarde... et qui ne me satisfait pas. Ce n'est qu'un seul moment dans ses 4000 ans, qu'était-il lorsqu'il était humain ? Se souvient-il seulement de sa transformation ? etc ; étoffe, ajoute, il manque bien des choses pour un vampire qui a vécu si longtemps).

On n'a pas (ou j'ai peut-être zappé) :
- Le lieu de résidence (ou peut-être n'en a-t-il pas de fixe ? Ou bien est-ce la France, dernier endroit où la dernière lettre à été postée ?)
- L'emploi (comment a-t-il pu gagner tout son argent ? on n'a aucune indication à ce sujet)
- Sa famille (Qui sont ses parents, a-t-il des frères et sœurs,... ?)

Voilà-voilà, je te laisse retravailler le tout - sorry - et si tu ajoutes les détails dans les lettres par-ci par là, ce serait bien que tu les mettes en gras, juste pour nous faciliter la tache, tu vois, qu'on ai pas à tout relire en entier pour trouver ce qu'on veux que tu rajoutes. Tu pourras enlever le gras après ta validation pour l'aspect esthétique, si tu veux =p Allez, courage ^^
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeJeu 6 Aoû - 12:59

Bienvenue à ton 4eme perso'! xD

C'est super, je voulais trop que Santiago soit pris (rien que pour Jaaaames! *____*).

Je lis tout ça dans la journée! *admin indigne xD*
Bonne chance pour les modifs à apporter!
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeJeu 6 Aoû - 13:51

Tout est dit, on en a bien sûr parlé ensemble, et nous adorons tous ton histoire Wink

J'ai pensé, que si tu le souhaitais, tu pouvais très bien, remplir les formalités sur la fiche d'origine, et rajouter les lettres...
Bref, bonne chance en tout cas Wink
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeJeu 6 Aoû - 14:49

5 décembre 1917
France (Paris)

Vous ne me connaissez sans doute pas, mais moi je vous connais. De réputation du moins. Ce que je vais vous demander n'ait ni une menace, ni une supplication. Evidemment que j'aimerais que vous acceptiez ; cependant vous n'êtes obligé de rien.
Vous trouverez ci-joint nombre de lettres postées à différents endroits en Europe, par différentes personnes, en différentes occasions. Ce que je désire, c'est que vous les rassembliez pour en faire un recueil. Vous êtes éditeur, n'est-ce pas ? Sans doute pourrez-vous obtenir un plausible roman avec cette histoire digne des fantasmes humains.
Vous vous demandez qui je suis. Par politesse, et à condition que vous gardiez cette information pour vous, je vais vous répondre.
Mon prénom est Santiago ; je ne me suis pas embarrassé d'un nom depuis longtemps. J'ai un âge si avancé que votre esprit ne serait pas capable de concevoir un concept pareil : pour vous donner un exemple, mes premiers souvenirs portent sur une Europe boisée, indomptable, peuplée de barbares illetrés qui croyaient en des dieux païens et imaginaient que le monde s'arrêtait à leurs frontières. J'ai connu les Vickings, les Gaulois, les Mayas, les Aztèques, les Romains, les Egyptiens, les grands Empereurs de Chine et du Japon... Vécu les guerres, papillonné entre les courants artistiques.
Mais cela ne vous satisfait pas, je suppose ? Vous voulez TOUT savoir, n'est-ce pas ? Et bien puisque vous allez me rendre service, et que je sais par instinct que vous êtes un homme de confiance, je vais vous conter mon histoire. Si vous voulez la connaître, vous allez devior oublier dans quel monde vous vivez pour venir, le temps d'un récit, vivre dans le mien.

J'ai plus de 4000 ans ; combien exactement, je l'ignore moi-même. Un lointain jour d'hiver, je me suis réveillé d'un long et terrible cauchemar ; un grand vide noir crevait ma mémoire. Qui étais-je, d'où venais-je, que savais-je ? Je n'étais rien. A part un âge approximatif - une vingtaine d'années - j'étais vide de savoir et de souvenirs, ce que je ne supportai pas. C'est ce que j'ai de plus que les autres, je crois : une soif insatisfaite qui me pousse à apprendre, un goût prononcé pour la culture, comprendre et enseigner ne me lasse jamais mais me passionne. Un peu comme ces nourrissons qui, privés de lait pendant un ou deux jours, deviennent des adultes angoissés et boulimiques... J'ignore tout de mon créateur, de mes origines (même si aujourd'hui j'en sais un peu plus qu'à ce jour). Etait-ce un homme, ou une femme ? Beau ou laid ? Semblable ou différent ? Questions à jamais irrésolubles. Tout ce que je sais, c'est qu'il était le tout premier. Le précurseur de cette espèce qui allait progressivement dominer le monde des hommes : les vampires...

J'ai erré des années durant, apprenant seul, découvrant seul ; la force et la vitesse m'étonnaient, j'en conclus que je ne les avais pas toujours eues. Il y avait aussi la froideur du corps, le silence du coeur, le goût du sang... M'étant éveillé dans une contrée déserte, je me nourris longtemps de suc animal, convaincu que c'était là la seule nourriture existante. Etais-je seul ? Je le croyais. Les plantes, les insectes, les oiseaux, les ruisseaux... Mon ennui me poussait à tout étudier. Et j'y prenais plaisir. Ma vie était riche de découvertes, personne ne m'embêtait ni ne me dominait : j'étais bien. Je n'avais ni nom, ni famille, ni langue ; cela ne me dérangeait pas. Les années passèrent. Combien d'étés, combien d'hivers ?... Je ne comptais pas, n'y voyant pas l'intérêt. Pas encore...
Je rencontrai alors le premier bipède de ma vie, une femelle, et un vampire. Une grande, belle, farouche blonde aussi perdue et sauvage que moi. Elle avait les yeux rouges, ce qui me surprit ; après tout, les seuls que j'avais vu étaient les miens, dorés, dans le reflet de l'eau. Quelle étrange créature ! Notre entrevue se passa un peu comme si nous avions été des animaux, ce que nous étions presque, d'ailleurs. Grognements, feulements, méfiance, attirance, et finalement contact. Trouver un autre moi-même me plut beaucoup : je pus ainsi apprendre à vivre avec les autres, à ressentir les autres, à communiquer et à chercher le partage, l'accord. Très vite, nous décidâmes d'un accord tacite de voyager ensemble. Aujourd'hui que je suis vieux et mûr, je peux me permettre de comparer la première génération de nouveaux-nés à celles qui ont suivi : nous étions beaucoup plus violents, réellement instables, incapables de nous contrôler et dominés par nos instincts. Je l'appris à mes dépens aux côtés de la femelle, avec qui je me battais souvent. La regénaration m'apparut alors comme une merveilleuse faculté ; nous mettions d'ailleurs, un temps bien plus long pour guérir. Même notre physique était différent : nos traits étaient marqués, tordus, sauvages. Ils faisaient plus peur, plus menaçants que beaux, et pourtant ils l'étaient, plus que tous les hommes. Ce n'est qu'avec les années, comme le vent les embruns polissent les pierres, que notre corps s'est adouci pour pouvoir prétendre au nom de perfection.
Elle et moi vagabondâmes des dizaines d'années durant, ensemble, à travers ce qui s'appèlerait plus tard l'Europe. Nous évitions le plus possible les humains ; ces créatures très étranges nous rendaient méfiants, ils grouillaient comme des fourmis mais faisaient beaucoup plus de bruit. C'est au premier meurtre que je commis que je compris que j'étais fait pour boire le sang de ces animaux. N'ayant pas conscience de mon potentiel de destruction, ignorant la faiblesse du leur, je gardai cependant un régime respectacle. Seuls les humains imprudents finissaient sous ma dent ; ma compagne, elle, était encore plus farouche, mais adorant le sang, se hasardait souvent à visiter les villages... Et puis nous rencontrâmes quatre autres vampires. Trois mâles, deux femelles. Plus un autre mâle, qui en sentant notre odeur nous rejoignit un peu plus tard. Ce fut un grand moment de trouble, de brutalité et de désarroi ; étaient réunis là, au grand complet, tous les vampires du monde, sauf un - notre créateur, invisible à jamais. Cela se passa, bien sûr, très mal. Des heures durant, nous nous sommes battus avec une brutalité inégalée ; beaucoup gardèrent des cicatrices de cette entrevue. Ce n'est qu'après deux nuits et deux jours d'affrontement acharné que nous avons consenti à nous apaiser : nous étions les seuls membres de notre espèce, huit vampires violents, amnésiques et ignorants de leur propre identité. D'un commun accord, nous avons décidé de voyager ensemble.
C'est alors que l'envie d'organisation, le désir de communcation me poussèrent à instaurer une langue. Notre langue. Entreprise qui me prit de longues, longues années mais qui finit par donner ses fruits ; c'est en de nombreuses langues occidentales telles que l'espagnol ou le français que je retrouve la première idiome des vampires : le latin.
C'est par évidence que nous reçumes presque tous des noms à consonnance latine. Je me plaisais à nommer mes compagnons, qui, chose étonnante, l'acceptaient toujours sans discuter. Ma première rencontre devint Julia. La grande femelle aux longs cheveux bruns, silencieuse et mystérieuse devint Laa. J'ignore pourquoi, mais c'était ce que ses surprenants yeux mauves m'inspiraient. Ce fut elle la seule et unique porteuse de cette couleur étonnante, qui ne changeait que de reflets, même lorsqu'elle mangeait autre chose. Fait intéressant, tous ceux qu'elle a créé et qui furent créés à sa suite par ces nouveaux-nés eurent tous les yeux mauves... La dernière femelle devint Nina. C'était une femme joviale, gaie mais insouciante, les cheveux d'un blond vénitien fascinant. Les mâles furent appelés Aton, Romus, Setus, Ciaro. Les deux premiers étaient jumeaux ; des grands bruns filiformes au regard fuyant, le second était un costaud chauve et bon vivant, et enfin le dernier était un enfant. Nous fûmes tous sidérés par cette chose qui nous prouvait que nous ne nous reproduisions pas comme les animaux normaux, que nous étions figés dans le temps (il nous avoua ne pas grandir). Tous ensemble, nous voyageâmes à travers différents pays. L'ordre hiérarchique posa quelques problèmes, cependant tous étaient d'accord pour me reconnaître comme chef. Etais-je le plus fort ? Non. Le plus impressionnant ? Non. J'étais doué pour défendre mon opinion, j'étais malin et je devinais leur caractère. Il est surprenant qu'un groupe de neuf vampires, carnivores quand l'occasion se présentait (les plaines étaient parfois si vides... Et les villes n'abondaient pas encore) soit resté si longtemps aussi soudé. Un miracle que je ne m'explique pas.
Les hommes commençaient à peupler gentiment les forêts françaises et à se faire la guerre, j'étais vieux et pourtant si jeune.


Dernière édition par Santiago Volturi le Dim 9 Aoû - 19:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeSam 8 Aoû - 13:18

Julia m'annonça qu'elle désirait partir avec Setus ; je l'acceptai d'un haussement d'épaules. Je crois bien que ma réaction la déçut beaucoup, mais elle nous quitta avec lui malgré tout. Ce fut, quelques années plus tard, aux jumeaux de nous laisser. Ils voulaient explorer les terres qui se trouvaient de l'autre côté de l'océan. Aton demanda à Nina de venir avec eux, elle parut soulagée qu'il ne l'oublie pas. Restèrent donc à mes côtés Ciaro, l'enfant vampire aux boucles blondes, et la marine Laa. Ce furent ceux qui restèrent le plus longtemps avec moi ; nous nous entendions réellement bien. Quand j'y repense, je réalise que nous avons mis plus d'une cinquantaine d'années à devenir des vampires mûrs. Le sang humain était depuis longtemps dissipé, cependant le processus de maturation étant encore à ses débuts, nous souffrîmes des décennies de n'êtres que des oisillons maladroits. Dix ans ; qu'est-ce aujourd'hui ? Et il y en a qui se plaignent ! On ne se plaint du mauvais que quand on a pas connu le pire, n'est-ce pas ? C'est comme les dons. Sur neuf, seuls trois avaient des dons. Nina, Ciaro et bien sûr, Laa. Mademoiselle était un véritable émetteur de bien-être. Si elle était de bonne humeur, toute personne à ses côtés l'était aussitôt. Vu qu'elle n'était jamais triste, elle était irradiante de bonheur. Ciaro était maître de la terre : capable d'effondrer une montagne en détectant son point faible, de déclencher des séismes en se concentrant. Un mystère, ce Ciaro. Quant à Laa... Nous ne découvrîmes son don que bien tard. A l'époque, nous étions déscendus au Sud, où des terres dorées et odorantes nous avaient attirées jusqu'à elles. La jeune femme avait voulu serrer notre ami dans ses bras pour lui témoigner son amitié, un jour de déprime. Le hurlement strident qu'il avait poussé à la seconde l'avait bien sûr interpellée. Lorsque, atterrée, elle me toucha à mon tour, je ressentis une violente attirance, un désir si puissant que la tête me tourna un moment. J'ignore comment je résistai à cette folie qu'un contact physique déclenchait en moi. Nous comprîmes alors que selon la personne, Laa pouvait créer chez lui une répulsion frénétique de peur et de dégoût ou une folie de désir physique et moral qui durait le temps du contact. C'était la première fois qu'elle nous touchait, et ce fut la dernière. Aujourd'hui encore j'ignore pourquoi j'ai ressenti cette ivresse, et pas Ciaro. Peut-être parce qu'il n'était pas... Compatible ?
Nous prîmes un jour une grande décision : nous nous ennuyions, nous étions curieux. Nous nous sommes mêlés aux humains. Un village portuaire, modeste, peuplé d'incultes et de barbares. On nous accueillit comme des dieux - et ce que nous étions. Immortels, magnifiques, puissants, imprévisibles. Nous avons perfectionné leur langue, nous avons improvisé une écriture, nous avons perfectionné leurs outils et guidé leurs réflexions. Très vite, le village devint ville, les barbares devinrent des hommes. Une école. Un temple. Deux temples. Le port agrandi. Nous nous plaisions dans notre rôle de guides, d'aides, ce qui nous soulageait après toutes ces années d'égoïsme. Laa avait du mal à ne pas toucher les humains, et par conséquent repoussait très durement les conquêtes. A votre avis, pourquoi est-ce que Athéna est réputée chaste et terrible ?... J'étais amusé de voir que les filous, les commerçants, les tendancieux venaient me demander conseil. Hermès, vous connaissez ? Ciaro, lui, avec sa bouille d'ange et sa patience, aidait les femmes en détresse et les couples défaillants. Ah, Eros... N'est-il pas blond et beau comme un ange, celui-là ?
Et oui, la Grèce... Athènes me plaisait beaucoup. Elle me plait encore...
C'est en remontant que nous avons croisé un couple inattendu : Julia et Setus. Cela se passa très mal : si nous étions devenus civilisés, eux s'étaient enfoncés dans leur état de bêtes. Ils avaient une jeune fille avec eux, sur le qui-vive, rouge et bavante comme un animal fou. Un nouveau-né... Nous comprîmes qu'ils en avaient créé un autre, et voulûmes leur demander comment ils avaient procédé. Enfin, eux, pas moi. Cela ne m'intéressait pas, et même, je m'en méfiais... D'ailleurs ils ne restèrent pas. La nouvelle-née essaya de me tuer parce que je m'étais approché d'elle machinalement. Ce fut le premier assassinat de vampire de l'Histoire, et je l'avoue, j'en suis l'auteur. Je la réduisis en pièces, et constatai avec horreur que les morceaux ne faisaient pas comme les cadavres humains. Ils se recollaient... Nullement perturbé, j'ai enfermé patiemment dans des sacs en tissu chaque pièce et gardai la tête dans une boîte. La fille s'appelait Pandore. La boîte prit son nom... Ah, vous connaissez ? Pas pareil, je suppose ? Oui, normalement ce n'est pas une tête de vampire qu'il y a dedans. Mais celui qui l'a ouverte a bien regretté que ce ne soit pas la Famine et la Maladie.
Bref, nous avons laissé le couple brutal à son voyage et nous sommes revenus en Grèce. Je voulais confier la boîte à un humain de ma connaissance, n'ayant pas envie de me trimballer avec. Il accepta, étonné devant ma requête de ne JAMAIS ouvrir ni la boîte ni les sachets de tissu, et nous fûmes prêts à repartir. Seulement je ne repartis pas. Laa, Ciaro et moi croisâmes la route de trois nouveaux-nés qui allaient changer le monde... Nous avons fait notre possible pour le pas les effrayer. Ils étaient seuls, abandonnés là par leurs créateurs. Nous leur demandâmes depuis quand ils étaient "nés" : et quelle stupeur de découvrir qu'ils gardaient des souvenirs très flous de leur humanité ! Ils se souvenaient avoir été humains. Nous, pas. C'était peu, et c'était énorme à la fois. Laa était d'avis de les emmener quelque part et de les laisser se débrouiller, Ciaro proposait de les laisser tomber mais je ne fis ni l'un ni l'autre. Je voulais les instruire, les aider. Laa s'énerva, Ciaro soupira. Nous nous séparâmes après plus de trois cents ans passés tous les trois. Aujourd'hui encore, je regrette de ne pas les avoir retenu. Car l'un et l'autre venaient de signer là leur fin future...
Les nouveaux-nés étaient agressifs, peureux et violents. Assoiffés, aussi. Je les menai loin de la cité, et tâchai de les aider. Combien d'années ai-je passé près d'eux, à parcourir ensemble le pays ? Je l'ignore. Nous étions à peu près 1000 ans avant Jésus Christ. J'avais dépassé le millénaire... Je n'oubliais rien, j'étais curieux comme un enfant. Je donnai des noms à mes protégés, des noms que je tirai de ma précieuse langue, parlée seulement par les vampires : Marcus, Caïus... Et Aro.
Leurs dons m'amusaient beaucoup : c'est un jour qu'Aro avait voulu poser une main sur mon épaule, qu'un raz-de-marée avait envahi son esprit. Il avait succombé à l'océan, et on avait mis de longues minutes à essayer de le ranimer. Depuis, il n'a pas réessayé de me toucher. Il s'y noierait... Marcus m'avait fait remarquer que l'attachement que j'avais envers eux n'était pas de la même intensité ; je lui avais demandé qui était celui que j'appréciais le plus, il me répondit simplement que je le savais aussi bien que lui. C'était lui, bien sûr. Aro me dérangeait, un peu comme un bouton de moustique qui vous gratte. Il n'était pas bien méchant, et sa jovialité était agréable, cependant... Caïus était celui que j'aimais le moins. Il était obséquieux, hypocrite et mauvais. Il évitait de faire quoi que ce soit devant moi, mais je n'étais pas stupide. Il faisait ses coups en douce... Les années passèrent. Nous avons quitté la Grèce et nous avons visité l'Europe de l'Est. J'ai redécouvert les terres d'où je venais, je cherchais sans me l'avouer des boucles blondes et des prunelles pourpres. Ce fut longtemps après, alors que nous formions un quatuor paisible, qu'Aro proposa la voisine de la Grèce comme destination. L'Italie.
Terre de chance & de déchéance...

Les frères avaient à leur compte plusieurs centaines d'années, et approchaient des 1000 ans - je doublai les miens avec insouciance. C'est en descendant le long de la côte que nous les avons croisés. Julia, Setus, mais aussi trois femelles et trois mâles. Une colère sourde me secoua, sentiment enfoui depuis longtemps. Ils avaient osé ! Et l'une des femelles était atrocement défigurée. Comme si on l'avait remontée à la hâte, que les pièces avaient du mal à s'unir... Mon estomac me remonta dans la gorge. Pandore ! Entière. Son regard en disait long sur ce qu'elle avait pensé de son séjour en boîte...
Nous étions quatre contre huit. Je ne vous cache pas que nous eûmes beaucoup de mal à nous en sortir ; je me demande même si nous n'aurions pas été tout simplement rayés de la surface de la terre, si deux petites silhouettes blanches n'avaient pas surgi du néant. J'étais en train de sauver ma peau face à deux nouveaux-nés hystériques quand deux bras de marbre les ont serrés doucement - comme pour leur faire un câlin. Ils ont poussé un hurlement strident, tremblé d'une horrible façon et se sont enfuis en courant. Voyant ça, les autres ont hésité quelques secondes, ce qui a suffi à une faille pour s'ouvrir sous leurs pieds et les engloutir jusqu'au menton. Ne restèrent que les créateurs ; reconnaissant là leurs anciens compagnons de route, ils prirent la poudre d'escampette. Je les vis à peine. Tous mes sens étaient obnubilés par celle qui courrait après eux. Ses longs cheveux noirs flottaient derrière elle. L'enfant, lui, prit le temps de s'arrêter et de me crier quelque chose.

- Pyro, souffla-t-il, et il disparut à sa suite.

Les trois frères ne surent pas qui étaient ces deux vampires, malgré leurs incessantes questions et la tentative d'Aro de me toucher. Je grondai d'un air menaçant. Cela sidéra mes compagnons, habitué à un calme presque impersonnel et un sang-froid révoltant. Ils n'insistèrent pas, je crus qu'ils avaient oublié. Je n'avais pas envie de parler de Ciaro, encore moins de Laa. Les revoir sans leur parler, ne pas croiser ces sombres améthystes m'avaient poignardé d'une drôle de façon. C'était nouveau pour moi. Auparavant, je ne m'étais pas attaché aux autres. Ce n'était pas dans mon caractère.
Nous brûlâmes les six vampires prisonniers de la terre, ainsi que me l'avait conseillé mon ami. Nous comprimes alors que nous pouvions mourir. Cette fumée n'emportait-elle pas jusqu'à nos poussières ? Cela nous rappela que nous n'étions des dieux que dans l'imagination des humains. Personne n'est invincible... Personne n'est immortel. Certains feraient bien de s'en souvenir ! Je passai les mois suivants à ruminer cette altercation malencontreuse. Les revoir. Les chercher, au moins. Avaient-ils réussi ? Allaient-ils bien ? Notre arrivée en Italie me distrait de mes soucis. Désireux de faire la même chose qu'à Athènes, je proposai à mes compagnons de voyage de choisir une ville à bénir de notre présence. Nous avions le choix entre deux qui nous plaisaient : celle qui deviendrait Rome, et... La future Volterra. J'insistai beaucoup pour que nous nous installâmes dans la première, où je sentais un gros potentiel, Aro et Caïus préféraient la seconde. Nous finîmes par suivre mon conseil, et les deux frères s'écrasèrent sous mon autorité. Cependant ce moment sonna la fin de notre paisible entente.
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeSam 8 Aoû - 21:05

A présent, vous comprenez pourquoi Rome est devenue LA Rome. La ville où tous les chemins mènent, la ville des rois fous et des empereurs torturés, le berceau du christianisme. Ah, le christianisme...
L'histoire de cette religion est en partie liée à la mienne. Son origine, surtout. Une origine qui s'appelait Rosa...
Mais commençons par présenter les choses. L'an 0 est encore loin. Les trois frères et moi enseignons aux hommes, dirigeons discrètement la ville. Ils ne me disent rien mais je sens monter en leurs coeurs une rancoeur que je ne comprends pas. Surtout chez l'un d'entre eux. Je fis l'erreur de ne pas y prêter suffisamment attention. Un jour que je vagabondais dans un quartier pauvre, je suis tombé sur une bande de voyous qui encerclaient quelqu'un. C'est tout naturellement que j'ai demandé à ces malfrats d'arrêter, puis devant leur refus je suis passé aux mains. Oh, je ne les tuai pas. Comment auraient-ils pu raconter à leurs collègues combien j'étais dangereux s'ils étaient morts ? La personne sauvée pleurait. Elle se traîna jusqu'à moi en me bénissant du nom d'un dieu que je ne connaissais pas. Pourtant, nous parlions la même langue ; nous avions répandu le latin autour de nous, fiers de notre idiome, et tranquillement il envahissait l'Europe. Elle était fine comme une brindille, blanche comme la neige, et tout aussi fragile. Pourtant, quand je voulus la relever et qu'elle se rebiffa, ses yeux ne luisirent pas de peur. C'étaient de beaux yeux turquoise, ses cheveux étaient blonds. C'est un peu elle que je retrouverai, des centaines d'années plus tard, en Loubia. Pout-être que c'est pour ça que je me suis tant acharné à la garder près de moi... Peut-être.
Je n'ai pas tardé à tomber amoureux d'elle, et elle ne put offrir aucune résistance à mes avances. Je tins notre relation secrète (ou plutôt je n'en parlai à personne, ne disant ni mensonges ni vérité) durant plusieurs mois. Elle et quelques amis étaient les porteurs du message d'un dieu qu'ils affirmaient être le seul au monde. Un seul dieu ? Et avec une majuscule, je vous prie. Quand elle partait dans ses délires de bonté, de charité et de modération, je me taisais et m'amusais. Elle ne savait pas, la pauvre, que les hommes ne sont pas naturellement bons. Certains ont tendance à l'être mais ils sont rares, et fragiles. La plupart font semblant d'être bons, ou s'en cachent, ou l'assument. Elle comprit vite que cela ne m'intéressait pas, mais comme elle m'aimait et que je la laissais faire, cela ne fit que la décevoir un petit peu.
Je passai quatre ans merveilleux. L'amour était une chose nouvelle pour moi, très agréable. J'aimais Rosa, je n'avais pas peur qu'elle meure parce que je ne me prenais pas la tête avec ça, et je n'avais pas envie de la transformer. Elle savait que j'étais source de nombreuses légendes, et que je passais pour être un habitant de l'Olympe. Elle aurait aimé ne pas y croire, mais ma force, ma vitesse, ma beauté, ma différence échappaient à ses "Dieu l'a voulu, donc il en a été ainsi". Cela l'irritait assez de savoir qu'un dieu réel vivait à ses côtés alors que son Dieu immatériel se promenait dans son imagination. Quand Marcus me demanda pourquoi je ne transformai pas la jeune femme, (je ne fus pas étonné qu'il l'ait deviné) je lui répondis deux choses. D'une, je ne savais et ne voulais pas savoir comment on devenait vampire. Cela ne m'intéressait pas, je me méfiais de ce lourd pouvoir. De deux, je l'aimerais jusqu'à ce qu'elle meure, comme font les humains, et qui se débrouillent très bien. C'est à cette époque, en repensant à mon altercation avec Julia et Setus, puis à celle avec les voyous, qu'une idée me vint.
Il fallait un gouvernement pour les vampires. Des seigneurs chargés de faire la justice et de veiller à ce qu'elle soit respectée. Une police adaptée aux bandits qu'elle devrait poursuivre, les plus puissants et les plus sages réunis pour garder l'espèce la plus dangereuse du monde. Les frères approuvèrent. Il me paraissait normal, vu que j'étais l'investigateur du projet, et le plus ancien de tous, de prendre la tête du groupe - que j'envisageais plutôt comme une direction à plusieurs, décisions prises par votes. Seulement, quelqu'un ne le voyait pas de cette façon. Aro...

Un soir que je revenais à Rome, après une journée passée à chercher d'éventuels participants à notre projet, je voulus retrouver Rosa. Je me rendis chez elle, elle n'y était pas. Je questionnai ses amis, ils ignoraient où ils étaient. La colère commença à monter. Le soleil s'était déjà couché depuis longtemps quand je dus me rendre à l'évidence. Contenant ma fureur, je retournai au palais où nous vivions tous quatre, moi, Marcus, Caïus, et... Aro.
J'ouvris la porte normalement, j'entrai normalement. Je trouvai le coupable affalé sur un canapé, en toge. Ses cheveux noirs dégoûlinaient sur ses épaules, son visage osseux paraissait plongé dans ses pensées. Je n'étais pas dupe. Je m'approchai de lui, empoignai sa gorge calmement et le montai à hauteur de visage. Son calme hypocrite manqua vaciller, il se contint difficilement. J'ai le plaisir d'être le seul à pouvoir, à coup sûr, faire perdre son calme à Aro. Après tout, je suis le seul rival qu'il est jamais eu...

- Je ne te demande pas où elle est. Tu vas me le dire, bien entendu.

Il me sourit. Mes doigts se ressèrent insensiblement sur sa trachée qui ne vivait plus.

- Je vais même te l'amener. Mais pour la récupérer, ce qui est autre chose, il faudra que tu me rendes un service.
- Un service que je ne te rendrais pas si tu n'avais pas ma femme en otage ?
- D'où l'utilité de l'enlèvement, tu t'en doutes.

Je lâchai la couleuvre qui me suppurait entre les doigts et reculai en croisant les bras. Mon ancien ami se rassit dans le canapé, l'air très satisfait.

- Je n'ai pas besoin de te sortir l'habituelle menace ? Comme quoi un refus la condamnerait, que je serais triste de devoir te tuer avec elle...
- Me tuer ? Rien que ça ?
- Bien sûr. Si tu ne veux pas faire ce que je veux, tu deviens un obstacle. Et Caïus, Marcus et moi nous devons d'avancer. Nous supprimerons les obstacles.
- Dis-moi ce que tu me veux, au lieu de gazouiller comme un imbécile.

Aro prit un air contrit tout à fait agréable à regarder. Un écolier prit en faute, honteux, vexé et furieux n'aurait pas fait mieux. Je me délectai de cette vision, sachant que la suite serait beaucoup moins drôle.

- J'ai trouvé que ton idée d'une puissance pour diriger les vampires était une excellente initiative. Par contre, ton premier choix en guise de chef laisse à désirer.
- Laisse-moi deviner. Je te laisse raconter à tout le monde que tu es le tout-puissant Aro, futur maître de tous les vampires, et que je suis le moustique qui s'écrase ?

Aro eut un autre de ses sourires doucereux.

- Mieux que ça, mon vieux maître, mieux que ça. Tu vas me promettre que tu t'engageras dès sa création dans l'ordre des Volturi. Tu vas me promettre de me servir comme le plus fidèle de mes serviteurs, de ne jamais parler à personne ni de ton âge, ni de ton rôle auprès de nous. Tu vas me promettre d'être un exemple de loyauté et de...
- Un chien aveugle, sourd et obéissant, si possible d'une soumission absolue et t'adorant de tout son coeur. C'est ça que tu veux de moi ? Navré mais je me contenterai de la base sans les nuances.
- Promets, siffla l'ennemi.
- Je promets... commençai-je.

Rosa me fut rendue, je la retrouvai avec bonheur et je restai à ses côtés jusqu'à sa mort trente ans plus tard. Ce fut ça le plus dur : perdre la raison qui m'avait condamné pour l'éternité. Réaliser qu'à présent, j'obéissais pour rien.
Pour une morte...
Je fis la chasse aux vampires, en compagnie des nouveaux-nés que se chargèrent de créer les trois frères. Nous parlâmes des Volturi, pour mettre en garde, recruter ou juste faire connaître l'ordre. Des neuf originaux, nous étions devenus une bonne vingtaine. Pas de nouvelles de Laa, ni de Ciaro. Setus était mort, tué par une de ses créations. Julia se joignit à nous avec un plaisir entâché de peur. C'est plus tard que je compris pourquoi elle avait peur de moi.
Nous rentrions à Rome, une quinzaine de jeunes et fougueux vampires, et je discutais avec elle. Elle était méfiante et hésitait avant de répondre. Je finis par la cuisiner jusqu'à ce qu'elle m'avoue la vérité : ils avaient tué Ciaro. Laa avait réussi à s'enfuir, mais le feu avec lequel ils l'avaient poursuivi avait à jamais consumé ses cheveux. Je ne la frappai pas, mais me fermai comme une huître. Jusqu'à sa mort accidentelle dans un incendie de Provence, je ne lui adressai plus la parole et l'ignorai comme un fantôme. Ciaro était mort, Laa s'était défigurée pour me protéger. Malgré que je les ai laissés tomber...
Dégoûté, je demandai à mes mâitres la permission de partir pour l'autre côté de l'océan. Peut-être y retrouverai-je Aton et Romus. Ce fut l'excuse dont je me servis pour avoir le droit de partir. Revoir les jumeaux serait sympathique, mais surtout je supportais très mal la joie délirante d'Aro, ses manies de m'écraser et de m'humilier devant tout le monde, et surtout son projet de se créer un Ciaro à lui. Je me suis longtemps accroché avec lui à ce sujet ; on ne condamne pas un humain à une exitence contrite, coincée à tout jamais dans un corps en construction, une enfance en apnée pour toujours. C'était à en devenir fou - d'ailleurs Ciaro était resté censé parce qu'il avait un naturel calme et réfléchi. Je finis par me battre (oui, me battre) avec Aro, ce qui traumatisa et lui et notre entourage. Giulia, une nouvelle recrue qui en pinçait pour le seigneur des lieux, se chargea pendant notre absence de trouver - grâce à son don, un instinct surprenant - la solution à cet épineux problème. Les seuls qui se souvinrent, après le passage de son nouveau protégé, de cet incident, furent les seuls protagonistes...

Je passai près de trois cents ans en Amérique du Nord, puis du Sud. Les civilisations aztèques et mayas me fascinèrent, les paysages me passionnèrent. Je rencontrai trois vampires, heureux de me voir, mais point de jumeaux. C'étaient leurs créations. Ils m'apprirent qu'ils s'étaient lassés de la vie et qu'ils avaient préféré se jeter dans un bain de flammes plutôt que de continuer. La femelle, Nina, étant morte quelque temps plus tôt d'une colère de nouveau-né, cette décision ne m'étonna pas. Déçu mais instruit, je restai quelque temps en leur compagnie avant de repartir vers l'Europe.

Jane, Alec. Ce fut difficile de supporter l'expression victorieuse d'Aro devant les regards que je leur jetais. Si le vieux vampire n'a jamais osé (et il avait raison de ne pas le faire) jeter ses lionceaux sur moi, cela le démangeait, et je le sentais. Les jumeaux ne cherchèrent pas à devenir mon ami; Je fis comme s'ils n'existaient pas, les ignorais quand ils me parlaient et les contournais quand je les croisais. Une fois, Jane m'a empoigné le bras pour me forcer à la regarder. Je l'ai toisée avec une profonde indifférence, mêlée de pitié et de mépris (légers) jusqu'à ce qu'elle me lâche. Alec n'a jamais essayé. Il vaut mieux que sa soeur.
Heidi... Heidi, c'était différent. Avec Heidi, c'est toujours différent.


Dernière édition par Santiago Volturi le Jeu 20 Aoû - 1:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 9 Aoû - 17:35

Je revenais d'une virée en Angleterre, accompagné de deux nouveaux (des nouveaux-nés à calmer, autrement dit à éliminer définitivement de la surface de la terre). Cela nous avait pris bien quatre mois, pour détecter, trouver et tuer la douzaine de vampires sanguinaires qui faisaient des ravages dans la grise Londres. Je m'étais montré silencieux, indifférent, et franchement ennuyé par l'enthousiasme déplacé de ces recrues fraîches. C'était deux mâles : Félix et Adam. Ce dernier cherchait souvent mon accord, essayait sans cesse d'attirer mon attention. Je me doutais qu'humain il avait dû souffrir d'un délaissement profond, pour être ainsi modelé en immortel, mais cela ne m'attendrit guère. Jouer les gendarmes du monde, ça, c'était mon rêve. Jouer les larbins d'un tyran usurpateur, c'était ma réalité. Adam avait un don très utile que l'on regretta longtemps à sa mort. Il était capable d'effacer partiellement la mémoire des gens. Pour cela, il fallait qu'il fixe la personne dans les yeux un certain temps. Ce qui dénotait une volonté malsaine de modeler les gens à son goût. Je rentrai à Volterra, terre de la vengeance victorieuse, sans grand enthousiasme. Aro allait m'imposer une journée de rabaissement et de récits exaspérants, après ne pas m'avoir eu sous la main durant plusieurs mois.
Je demandai à Giulia de mener les deux autres à leur chambre, et m'éclipsai dans la mienne. J'étais debout face à un tableau, les mains croisées dans le dos, quand quelqu'un frappa à la porte.

- Entrez.

Je ne tournai pas la tête. Mes réflexions étaient orientées vers l'énorme peinture que j'avais sous les yeux. Qui aurait pu me détourner d'elle ?

- Marcus m'a demandé de venir vous chercher. Êtes-vous Santiago ?

La voix féminine la plus langoureuse que j'ai entendu papillona jusqu'à mes oreilles. J'y prêtai à peine attention. Aucune femme ne pouvait me déconcentrer, elles m'indifféraient.

- Êtes-vous sourd ou faites-vous semblant de ne pas m'avoir entendue ? s'énerva la demoiselle.
- Vous n'êtes pas très patiente, distes-moi. Et orgueilleuse, en plus. Enfant unique ?
- Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

Poussant un soupir, je me déplaçai sur le côté et levai les yeux vers elle. La somptueuse femelle qui, victorieuse, croisait les bras sur sa poitrine était d'une beauté indéniable. Je n'en avais encore jamais vu de telle depuis... Enfin, ce n'était le même style de personne. Ce n'était pas comparable. Cette fille était une gamine, et elle m'ennuyait.

- Vous ne supportez pas que je vous indiffère. Vous aimez attirer l'attention, mon regard vous flatte et vous avez l'impression d'avoir vaincu ma répugnance. Vous n'aimez pas qu'on vous considère comme les autres, qu'on vous classe vous hérisse. C'est en général le lot des filles uniques, riches et belles.
- C'est ça ! Et bien si vous êtes Santiago, Marcus désire vous voir. Si vous n'êtes pas ce type, j'espère bien ne jamais avoir à vous revoir.

Ma bouche eut un tressaillement lorsque, amusé, je la vis claquer la porte et partir comme une furie. Je me rendis voir mon ami. Il me parla de cette vampire exceptionnelle, autant pour sa beauté que pour son don. Heidi.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette première rencontre ne nous empêcha pas de nous entendre. Suite à une expédition punitive en Asie, nous avons découvert que nous nous complétions. J'étais calme, je m'énervais peu, les femmes m'étaient indifférentes. Je crois que cela faisait du bien à la jeune femme que je la regarde comme n'importe qui, je veux dire, pas comme une déesse, mais juste comme une amie. Je lui parlais en respectant ses opinions, en lui faisant part des miennes. Son physique ne me faisait rien, peut-être que l'âge conférait ce genre de tranquillité. Elle essaya de me conter son histoire, gênée, je lui demandai de ne pas le faire. Le jour où cela devrait se faire, elle s'en chargerait, mais tant que cela n'était pas utile, qu'elle garde ses secrets en elle.
Suivirent Afton, Chelsea que je n'appréciai que moyennement, Démétri qu'il m'arrive de côtoyer... On ne peut pas dire que j'ai beaucoup d'amis.
Marcus m'a dit un jour à ce sujet : "Tu ne t'attaches pas aux gens, ou plutôt, tu ne t'attaches plus à personne. Tu essaies de racheter cette distance que tu gardes avec les autres en sauvant des vies, en faisant la justice, mais au fond tu as un coeur plus froid qu'Aro. La seule véritable amie, qui aurait pu devenir ton épouse, tu ne l'as jamais considérée comme telle. Tu ignores ton propre coeur, Santiago. Un jour, cela te jouera des tours..."

Peut-être que dans le futur, je ferais éclater la vérité. Peut-être qu'un jour, je me vengerais. Peut-être qu'un jour, je prendrai la place qui est la mienne.

Peut-être qu'un jour, je me pardonnerai ce qui est arrivé à Laa...
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MessageSujet: Re: La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE]   La tortueuse histoire de mademoiselle L. [TERMINEE] Icon_minitimeDim 9 Aoû - 18:02

Haha, pour moi il n'y a plus d'objections *-*
Validé !

Si par contre Vlad ou Evi on qqchz à dire, écoute les quand mm mdr

RP ? =DD
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