L’histoire de votre personnage : « Madame, votre fils est très intelligent, il est vrai, mais il semble avoir une vision très sombre du monde qui l’entoure… »
« Oui, certes, c’est bien pour cette raison que nous avons pensé que voir un psychiatre – tel que vous – pourrait l’aider. »
« Eh… je dois avouer que je ne sais plus quoi lui conseiller. J’ai songé que le problème avait peut être une racine plus profonde… »
CLAC. Enfin dehors. Il la regarda compatissant ; elle était furieuse, rouge.
« Mais quel con celui là ! » Il fallait qu’il le soit, en effet, pour que sa mère soit vulgaire. Elle ne disait jamais d’insanités pareilles…
« Il est complètement incompétent et il rejette la faute sur nous en plus ?! » L’enfant sauta de sa chaise, léger, et rejoint sa mère. Il lui tendit la main et elle s’agenouilla. Elle ouvrit sa paume afin d’épouser la joue de son fils.
« Oh Mikhael, je suis désolée. Nous ne te ferons plus jamais voir qui que ce soit. Les psychiatres sont décidément tous des incapables… »Pourtant, il n’avait peut être pas tort. Le problème devait sûrement avoir une racine plus profonde. L’enfant observa sa mère que le pourpre avait rendue plus belle, feignit d’être soulagé et la serra dans ses bras.
Ça, c’était de notoriété commune que Mikhael était intelligent et qu’il avait des ‘tendances’ pessimistes, comme ils disaient. Mais en fait, les gens ne comprenaient rien. Il n’y avait pas d’enfant sur terre plus empli d’espérance que le petit Mikhael. Seulement, cette satanée intelligence lui était fatale. Constater la cruelle médiocrité des gens le désespérait. Son rêve était de pallier ce défaut humain, et c’est pour cette raison qu’il voulait devenir professeur. Mais il ne l’avait jamais dit à personne, de peur que les gens le méprennent et se moquent de lui. Il ne l’avait avoué qu’à son ami (soit disant imaginaire, d’après le psychiatre) Esther
*1. Lui, tout ce qu’il voulait, c’était aider les gens, « tirer les gens vers le haut » comme le gâteau
*2, sauf que pour le coup, c’était vraiment pas d’la tarte...
L’ennui, c’est que les gens n’appréciaient pas beaucoup son aide. C’est vrai, il n’était pas très patient. Alors, évidemment, il avait tendance à s’énerver lorsqu’un de ses collègues ne comprenait pas une formule ou une idée qui pourtant n’était pas sacrément difficile à comprendre. Alors, ne sachant plus par quel moyen s’y prendre, il utilisait la violence. En bon chrétien, il se confessait chaque semaine, mais rien ne pouvait changer son tempérament.
Cependant, il n’avait rien du grand caïd et il n’était pas rare que lesdits collègues répliquent à ses coups par d’autres coups. Ses parents avaient invoqué ces raisons lorsqu’ils avaient voulu l’envoyer voir un psy. Tout cela importait peu au jeune garçon. Il était plutôt de nature docile, exception faite de cette propension qu’il avait à s’énerver rapidement. Certaines choses le mettaient hors de lui, voilà tout.
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« Mon père, je me suis encore battu. Aujourd’hui même. »« Et contre qui t’es tu battu, mon fils ? »
Contre un imbécile qui ne daignait rien entendre de ses explications, qu’il avait pourtant voulu multiples et diverses.
« Mon père, je veux changer, je veux devenir plus fort, être maître de moi-même. Je veux faire médecine mon père, être utile d’une autre manière. » C’était si peu dire… mais il souriait en faisant sa confession, savourant l’exquise complaisance d’être le seul à comprendre ce que sous-entendait cette déclaration.
« Je prierai pour toi, mon fils. » Mikhael étouffa un rire. Oh oui, il pouvait bien prier…
Le garçon devenu adolescent avait découvert avec l’âge que la volonté liée à l’intelligence était capable de dégâts monstrueux. Il s’était relevé à maintes reprises durant le combat et finalement, par une ruse alliée à une ténacité surprenante, il avait vaincu son adversaire. Oui, ils n’étaient plus ses collègues, les imbéciles qui répondaient à ses coups parce qu’ils étaient trop stupides pour comprendre ses explications pourtant claires. Il était sorti de la naïveté bienfaisante mais mensongère de l’enfance. Le pouvoir l’intéressait, et depuis qu’il avait découvert la légende des vampires dans ses lectures, il n’avait plus qu’un rêve – après sa vocation, cela dit – : devenir un vampire.
L’ennui, c’est qu’il n’en avait jamais croisé et que tout cela restait à l’état de légende, en dépit de tous les livres qu’il avait pu écumer. Il avait donc choisi la voie de la médecine dans l’espoir de trouver un moyen d’obtenir la puissance vampirique en utilisant des moyens artificiels.
Etant effectivement intelligent, il intégra l’école de médecine deux ans en avance, laissant de côté les études générales – et ses parents furent ravis qu’il ait trouvé si vite sa voie.
Mais un maudit incident retarda ses études. Un soir qu’il tentait vainement d’expliquer à son frère une formule mathématique pourtant simple, il s’emporta. Dans cet accès de violence et d’énervement, il fut pris par l’envie soudaine de morde. Un besoin si oppressant, une nécessité si poignante qu’il ne put y résister. Il se jeta sur son frère et mordit sec dans la carotide. L’odeur enivrante du sang parvint à ses narines alors qu’il tenait fermement son cadet figé de peur. Le goût ferreux et la texture à peine veloutée bien que liquide du sang envahirent le palais de l’adolescent, faisant baigner ses papilles dans une dégustation toute nouvelle et terriblement savoureuse. Il en vint même à apprécier les cris désespérés de son frère, bien que cela irritait quelque peu ses oreilles sensibles.
Très vite attirés par ces mêmes cris, les parents Ness débarquèrent dans la chambre du petit Isaak et furent frappés de stupeur. Le père se rua sur le fils aîné et le poussa violemment dans la chambre pendant qu’il prenait le cadet pour aller le soigner. Mikhael resta à terre, frustré de n’avoir eu la force de tenir face à son père mais satisfait d’avoir étancher cette soif soudaine.
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« Boooonjouuur Mikhaaaaaaaaelllll ! » Dirent machinalement et tous en chœur les demeurés avec qui il allait devoir passer le plus clair de son temps à présent. Il soupira. Depuis qu’il avait mordu son frère, il était devenu un vrai vampire, ce n’était plus Mikhael mais Requiem. Mais que pouvait bien comprendre ces mort-vivants ? Finalement ses parents avaient préféré l’hôpital psychiatrique aux psys… Quand il voyait ces âmes à moitié perdues et ces corps vivants on ne sait par quel miracle, ça lui donnait envie de gerber. Dire qu’il allait finir comme ça…
Non, ce n’était pas possible, un vampire de sa trempe ne pouvait pas finir en loque humaine dans le genre !
CLAC.
Mauvaise idée d’avoir fait remarquer que c’était un vampire… Maintenant, tous les médecins en avaient après lui, à le considérer comme un taré fini. Il eut même droit à la camisole les premières semaines. N’avaient-ils rien dans la tête ? Ah certes, ils ne le traitaient plus comme les autres, mais pire que les autres. Il fallait pourtant qu’il soit mieux traité que les autres, que ces débris croulants et pourtant si jeunes.
« Je vous en supplie. Je mérite mieux ! » « Tu mérites d’être traité comme il se doit ! Ness, nous te sauverons. »
« GRROOOOAHH !! JE NE VEUX PAS ETRE SAUVE !! JE NE SUIS PAS DAMNE, JE NE SUIS PAS COMME CES DECHETS !! » Il renversa la table, on appela le renfort et la camisole. Il implora aussitôt :
« Je vous en supplie, mon salut est biblique, entendez moi ! » On hurla au fou.
« S’il vous plaît ! » Gémissait-il alors qu’on l’emportait.
« Laissez moi un accès à la bibliothèque, je vous promets des résultats probants ! » On arrêta de l’emmener, le médecin prit en considération l’offre. Il accepta, et le garçon put accéder à la bibliothèque bien que sous une surveillance vigilante.
Mais rapidement, devant les résultats effectifs, on accepta qu’il s’y rende seul, et même sans qu’il ait à demander la permission. Il s’y rendait à toute heure de la journée et de la nuit. Il avait réussi à faire les bonnes connaissances et il avait appris à connaître le bâtiment sur le bout des doigts, les heures auxquelles ont pouvaient circuler et celles qu’ils fallaient éviter.
Les trafic de morphine et de cocaïne, ainsi que d’autres nombreux antalgiques ou drogues utilisés par les médecins étaient monnaie courante. Il s’envoyait toujours quelques rails pour tenir lors de ses expéditions nocturnes. Il dévorait tout ce qui concernait la médecine, espérant y trouver des réponses à ses questions.
Deux ans plus tard, il sorti de l’hôpital avec des résultats très rassurants et prometteurs. Il reprit l’école de médecine et mit à exécution le projet qui lui trottait dans la tête depuis des années. Selon sa théorie, il serait à même de créer un mélange entre drogue et hormones afin de décupler la puissance, rapidité et agilité de l’homme.
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Quatre ans plus tard, après de multiples expériences sur diverses personnes, il était enfin arrivé à créer le parfait mélange. Il s’attela alors à la chasse sacrée, faisant ravages et carnages partout où il passait. Ile ne tuait jamais personne, prenant bien soin de laisser toutes ses victimes vivantes, afin, bien évidemment, d’engendrer de nouveaux vampires.
Cependant, il était un détail qu’il n’avait pas pris en compte. Ou plutôt, pas pris au sérieux ; car il était évident qu’il avait déjà étudié la chose.
Ce détail l’arracha brutalement de sa folie, et il dut se rendre à l’évidence désagréable : il n’était pas un vrai vampire. Aussi, le sang qu’il pompait n’allait pas dans ses veines mais bel et bien dans son estomac, et le surplus de sang achevait petit à petit son foie. Il avait terriblement perdu du poids et sa peau se teintait d’un ocre jaunâtre particulièrement repoussant. Lors d’un check up médical qu’il se faisait seul, il avait senti son foie dur, et il avait conclu qu’il ne pouvait continuer ainsi : il présentait les mêmes signes qu’un alcoolique, il été atteint de cirrhose. A peine deux ans qu’il avait commencé sa vie de vampire et ça le tuait déjà… cela ne pouvait plus durer : il fallait qu’il devienne un vrai vampire.
Il avait entendu dire que la concentration vampirique était particulièrement importante à Forks, aussi il décida de partir y vivre, ce qu’il fit après une greffe de foie car le sien était presque complètement hors d’usage – ce qui aurait pu lui être fatal.
Une fois à Forks, il ouvrit un cabinet bien que n’ayant aucun diplôme pour le faire (il sut trouver une monnaie d’échange manifestement très efficace). Sur une jolie plaque en argent, il fit inscrire :
« Médecine générale et psychiatrie (vampires et lycans sont acceptés dans l’enceinte). »____________________________
*1 Esther signifie en Hébreu « ce qui est caché. »
*2 Tiramisù (tire moi vers le haut).