Pippa de Luca [TERMINEE]

A whole story

- Tu sais Pippa, il va bien falloir qu'un jour ou l'autre tu parles.

Je ne relevais pas, restais plongée dans mon silence, signe de ma rébellion. Je sous-estimais Miss Mancini qui avait un bon moyen de pression.

- Si je lui demande, le Dr Colombo peut arreter la réeducation parce que je ne t'estime pas prête, ou même, mettre un terme aux visites de ton frère...
- Pardon ?! Mon ton était cassant, mais on percevait toujours la surprise que m'avait causé cette menace. Cette sal*pe avait trouvé le moyen de me faire réagir.

Elle se contenta d'hôcher la tête, avec un air qui disait clairement "Tu m'as bien compris". Et je poussais un soupir, rendant les armes.

- Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
- Pourquoi ne commencerais-tu pas par me dire comment tu te sens depuis l'accident ?
- Très bien. Répondis-je du tac au tac, tellement habituée à dire ça depuis 1 mois et demi. Mais voyant le regard de Miss Mancini je me repris. Si je ne disais pas quelque chose qui tenait un temps soit peu la route, elle mettrait ses menaces à exécution. Ok, peut-être pas très bien... Mais qu'est-ce que ça change ?
- Tout. Elle me fit un sourire encourageant et son attitude fut plus douce, lorsqu'elle me posa sa prochaine question. Donc, qu'est-ce qui ne va pas ?

J'eu un rire jaune.
- Vous voulez un dessin ?
- Si par là tu veux dire que j'aimerais plus de précisions, alors oui.

Mon sang froid m'abandonnais peu a peu.
- OK. J’étais promise à un grand avenir. Je devais faire les jeux olympiques. Je suis Pippa de Luca, j’ai été dans tous les journaux, je suis l’espoir de la natation italienne. J’ai gagné 6 titres différents un moins de 2 ans, dont celui de Championne d’Europe. J’ai seulement 16 ans et j’ai battu des records dans 4 catégories différentes. Quand j’avais 10 ans je devais nager contre les garcons pour que cela soit un tant soit peu équitable. Depuis que j’ai 7 ans je vis pour la natation, et la seule chose que j’attendais c’était les JO. Et mon avenir est partit en fumée au moment où cette voiture m’a percutée ! Alors non, ça ne va pas, en effet !

- Ok, respire un grand coup, c'est bien, on avance. Tu sais Pippa, tu ne dois pas te mettre dans la tête que si tu ne peux plus nag...

BLABLABLA, rien à foutre ! J'haussais les sourcils, la laissant parler dans le vide. Elle se foutait de ma gueule ou ? Comme si son pseudo discours déterminé à me faire croire que ma vie n'était pas fichue allait marcher, j'avais l'impression que tout ce que je venais de dire était passé dans les oreilles d'un sourd. Non, je n'étais pas coopérative. Je n'avais pas pour habitude de parler de mes ressentis, et tout le titoum... Et encore moins d'écouter les conseils des gens. Je sais j'ai une fierté, un peu trop présente même -pour reprendre les mots de ma belle-mère-. En même temps quand on est la championne de natation de toute une génération ça a de quoi regonfler l'égo. Et quand on évolue dans un domaine comme ça on est vite habituée a entendre les remarques des adversaires. Il faut savoir se montrer déterminée, intouchable. Alors non, je ne me laisse pas marcher sur les pieds, je ne montre pas lorsque quelque chose me touche. Je suis souvent sur la défensive, j'arrive facilement à déstabiliser mon adversaire. Et lorsque j'ai un objectif je m'y tiens, jusqu'à son accomplissement. Je n'avais pas pour habitude de baisser les bras, jusqu'à présent. Mais je me vois obligée d'abandonner mon futur. Moi, Pippa, la sportive, la fonceuse, l'inébranlable.

- Pippa ? Tu as entendu la question que je viens de te poser ?
- Pardon ?!
- Tu veux bien me parler de l'accident ?
- Qu'est-ce qu'il y a à dire ? J'avais bien dit que j'avais tendance à être sur la défensive...
- N'importe quoi, comment ça s'est passé, qu'est-ce que tu as ressenti ?

Je soupirais, et encore un truc tordu. Je détestais parler de toutes ces idioties. Surtout que je savais très bien qu'elle avait les détails, elle savait comment cela s'était passé. Mais je n'avais d'autre choix que de jouer le jeu, enfin du mieux que je pouvais...
- Vous croyez que quand tout se passe aussi vite on a le temps d'analyser ce qu'on ressent ? Vous êtes marrante vous. Je peux vous dire que la seule chose qu'on mémorise c'est le sentiment qui nous habite quand on voit la voiture foncer droit sur nous. La force avec laquelle ça nous percute... Et là, on en vient à se demander pourquoi diable on s'est trouvé là...

J'étais heureuse de la voir silencieuse, comme si je lui avait enfin fait comprendre qu'elle ne pouvait pas tout comprendre. Et là, je me prenais une claque.

- Pourtant, tu t'es élancée devant la voiture volontairement, non ?
- Pardon ?! J'étais totalement abasourdie, elle se prenait pour qui ?
- Je veux dire, tu as tenté de protéger ton frère non ?
- Je ne vois pas le rapport avec ce que j'ai ressenti quand je me suis fais renversée...
- Eh bien, c'était un choix, mine de rien...
- Oh Oui, c'est vrai ! Tiens, jm'ennuie aujourd'hui, j'vais m'jeter devant la voiture ! Je n'avais pas le choix, je n'en avais pas envie, je me devais de le faire ! C'était mon frère ! Vous l'auriez regardé se faire écraser vous ?
- Je ne sais pas. Tu as pensé à simplement regarder la scène ?
- Pas une seconde... Mais... Je me coupais net dans mon élan. Combien de fois mon acte m'avait tourmenté depuis ? J'avais détruit mon avenir en m'élancant face à cette voiture. Et... Que penser de soi, lorsqu'on en veut à son frère et qu'on le trouve responsable de la destruction de notre avenir ? Pourtant je l'aime tellement. Il est le petit bonhomme que je vois grandir chaque jour, mon 1er vrai supporter, toujours si fier de moi. Je ne voulais que lui mettre des étoiles dans les yeux, et je n'en ai plus l'occasion. Il n'y avait qu'avec lui que je baissais vraiment ma garde, et jamais je ne me serais pardonné d'être restée immobile... Je me hais juste tout bonnement pour ressentir ce que je ressent...
- Pippa, à quoi penses-tu ?
- A rien.
- As-tu déjà regretté d'avoir fait ce que tu as fait ?
- Que voulez-vous dire ? J'esquivais la question, je ne voulais pas y répondre.
- Tu sais très bien ce que je veux dire. Est-ce que tu regrettes d'avoir sauvé ton frère ?
- Je... Non.
- Même si tu considère que ton avenir est fichu à présent. Tu ne regrettes rien.

Un silence s'installa, pesant. Elle plongea son regard dans le mien, et je la savais entrain de me décrypter. J'explosais.

- Vous avez gagné OK ?! Je revis mon geste chaque jour et je me demande si j'ai fait le bon choix ! Si j'ai eu raison de choisir mon frère plutôt que mon futur. Et je sais que je me serais haïs chaque jour de ma vie si je n'avais pas bougé quand j'ai vu la voiture foncer sur lui, et pourtant je lui en veux. Parce que s'il n'existait pas j'aurais encore un avenir. Et je me déteste pour ça, mais je le considère responsable de ce qui m'arrive. Je m'arrêtais d'un coup, ne sachant pas quoi ajouter, j'en avais déjà trop dit de toute façon. Ca fait de moi une personne détestable n'est-ce pas ? Il n'y a que quelqu'un d'égoiste qui en veux à son frère d'avoir failli mourir...

Lorsqu'elle ne répondit pas, je savais que je lui avait cloué le bec pour de bon. Je la fixais, attendant qu'elle dise quelque chose, n'importe quoi. Même qu'elle confirme ce que je pensais de moi-même, mais elle me fixait simplement, et elle commença à sourire. J'ai cru me prendre une gifle. J'étais sur le point de me lever lorsque sa voix douce me stoppa.

- Tu dois beaucoup aimer ton frère...
Je ne comprennais comment elle pouvait arriver à une telle conclusion après tout ce que je venais de balancer, mais je me contentais de répondre.
- Oui.
- Pippa, ce que tu as fait pour ton frère est remarquable... Et tu n'es pas une personne détestable.
- Si vous le dites. J'haussais les épaules, je ne la croyais pas. J'étais bornée je sais, ce que d'autre appelle une tête brulée. Elle pouvait essayer de me déculpabiliser comme elle voulait ça ne marcherait pas. Elle dut le comprendre quand elle changea de sujet.
- Parle moi de lui.
Je fronçais les sourcils, mais voyant son sourire insistant je me lançais.
- Il a 8 ans, et il s'appelle Candido. Il est seulement mon demi-frère, mais je le considère comme mon frère. Je l'ai vu grandir chaque jour depuis qu'il est né. Excepté l'année que j'ai passée à m'entrainer en Angleterre il y a deux ans. Il m'avait tellement manqué. C'est mon petit rayon de soleil. Il a seulement 8ans, et il sait ce que chacun de mes chronos représente. C'était pour lui que je me battais. Je voulais le rendre fier de moi. Il est tellement attachant, c'est un ange, un petit garçon si intelligent. Il pleurait les week-end où j'allais voir ma mère parce que je lui manquais. Je l'adore.

La réponse de Miss Mancini fut un simple sourire. Et je remarquais que parler de Candido m'apaisait, j'étais moins sur la défensive quand il s'agissait de lui.

- Tu es revenu d'Angleterre pour être avce lui ?
- Pas vraiment, en partie oui, mais surtout parce que j'avais eu mon expérience à l'étranger, j'avais perfectionné mon anglais suffisamment, et je voulais retrouver mon équipe. Et puis si je suis allé en Angleterre à la base, c'était parce que mon entraîneur y allait, et je ne voulais pas être entrainé par qui que ce soit d'autre que lui.
- Vous avez une bonne relation tous les deux ?
- Comme un père et une fille...
- Et avec tes parents ?
- Je les aimes bien sûr. Mon père a toujours été là pour me soutenir. Et je suis heureuse qu'il ai refait sa vie avec une femme comme Pia. Je la considère comme ma mère, elle m'a élevé alors que je n'avais que 5 ans.
- Qu'en est-il de ta mère ?
- Je la vois de temps en temps, quand j'ai le temps. On n'est pas très proche. Elle a tellement d'hommes dans sa vie qu'elle n'a pas vraiment de temps pour moi.
- Et toi Pippa ? As-tu un garçon dans ta vie ?
- Avec la natation, vous croyez vraiment que je prenais le temps de penser à ça ?

Aha, elle m'avait de nouveau perdue. Elle croyait sérieusement que j'allais lui parler de ma vie sentimentale ? J'en avais déjà dit bien assez rien que sur ma famille. Elle n'avait pas besoin de savoir que j'avais eu quelques relations avec des nageurs, qui n'avait jamais duré bien longtemps parce qu'on avait chacun trop peu de temps à s'accorder. Et puis j'étais pas si facile à supporter... Je croisais les bras en la voyant sourire, je croyais qu'elle se moquait de moi, et j'aboyais.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien, on a fait de bon progrès aujourd'hui. A la semaine prochaine Pippa.

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Ton p'tit nom (ou surnom ou pseudo) : Callie-chou ?
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Tu le trouves bien, dis ? PAR-FAIT (Lançage de fleurs xD).
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