H I S T O I R ENaissance –- Félicitation madame, vous êtes l’heureuse maman de deux adorables petites jumelles !
Les yeux brillants de larmes, Claire Adams tend les bras pour récupérer ses deux filles. Deux petits bout de chou chauves et aux grands yeux apeurés, la peau frippée et qui poussent de petits cris aigus de tant à autre. Elle les sert contre son cœur, fort, tellement fort. Elle les aime déjà de toute son âme, de toute sa force. Elle a cru que cet accouchement ne finirait jamais ! Ces deux petites perles plongent les parents Adams dans une intense et profonde joie, car leur fils ne manque pas de les décevoir. Le petit Jules, 11 ans, ne cesse de faire des crises étranges qui apeurent son entourage. Un médecin à déjà proposé de l’envoyer en asile, car il soupçonne une lueur de folie. Mais Claire et Pierre ne peuvent s’y résoudre. Quitter, abandonner leur fils, même s’il est sujets à des crises, leur parait impossible. Pour l’instant…
Pierre déleste sa femme d’une des petites filles. Celle qu’ils ont nommés Izzie. Il lui chatouille le nez, aux anges, et ses yeux se troublent tellement il est heureux. Ni le père ni la mère ne remarquent l’étrange comportement de leur ainé, qui regarde la scène comme pétrifié. Ils sont trop absorbés par la contemplation de leurs demoiselles.
- Oh, comme j’ai hâte qu’elles grandissent, souffle Claire avec émotion.
- Pas trop vite quand même, répond son mari sur le même ton.
Deux ans plus tard, ils se séparent de leur fils, qui est envoyé à l’asile St Martin. Touchés au fond de leur âme, se sentant coupables, ils s’empressent de l’oublier. Une seule photo de lui trône dans la maison, cachée derrière une ribambelle d’autres de Cassie et Izzie. Ils ne lui rendront jamais visite, se contenteront d’envoyer une photo d’eux chaque année à Noël. Pour oublier leur culpabilité.
Enfance –- Prête les filles ?
- Ouiii ! hurlent-elles en cœur, à l’apogée de leur excitation
Elles sont dans un petit avion spécial pour les sauts en parachute. Leur père et leur mère les accompagnent. Ils leur ont offert ce merveilleux cadeau pour leur anniversaire. Il faut dire que les deux petites donzelles à peine âgées de 9 ans sont de vraies piles électriques, ne pouvant s’empêcher de courir partout. Et cette folie, après celle d’essayer la plongée, le ski, le deltaplane et j’en passe, leur est venue un jour ou elles regardaient un documentaire à la télévision. Et leurs parents les aiment trop pour leur refuser quoi que ce soit. Ils ne veulent pas répéter les erreurs commises avec leur fils.
- Allez papa, allez papa ! trépigne Izzie, accrochée dans le dos de Pierre.
Les filles ont été sanglées à leurs parents, car trop jeunes pour pouvoir atterrir au sol sans dommage. C’aurait été trop dangereux. Les yeux brillants d’excitation, elles assomment leurs géniteurs de petits cris enthousiasmes. Elles sont jeunes, mais déjà elles ont une perception du monde incroyable et font plutôt âgées pour leur âge. On leur donnerait 11 ans, et non 9.
- Bon, c’est partie Cassie, tiens-toi bien ma puce ! lance Claire à sa fille.
Et puis c’est le grand plongeon. L’adrénaline coure à grande vitesse dans leurs veines, leurs cœurs battent la chamade, leurs yeux sont grands ouverts, pétrifiés de plaisir en découvrant l’immense étendue de vide sous elles, leur souffle est saccadé. Et puis un « wouuuuhouuuuu ! » retentit, d’où une euphorie non feinte est facilement repérable. C’est Izzie qui l’a poussée, étranglée par le ravissement qui l’étreint. Elle aime l’aventure, elle aime le danger, elle aime sentir l’adrénaline parcourir son corps. Sa sœur aussi, mais moins, et elle se contente d’une béatitude muette.
Les secondes défilent trop vite, les deux filles aimeraient rester à tout jamais hissées dans les airs. Elles se sentent libres, ainsi parcourues d’une allégresse peu commune. Le ciel, pour elles, c’est le paradis.
Mais les bonnes choses ont toujours une fin, et c’est ainsi que les pieds de leurs parents heurtent le sol avec robustesse. Tous deux sont d’excellents sportifs, et ils comprennent tout à fait la joie de leurs filles. Les parachutes achèvent leur virée derrière eux, avec un grand bruit de toile. Les parents se détachent, libèrent Cassandra et Izzie qui restent muettes. Muettes, mais cela ne dure qu’un temps, car à peine dessanglées, elles se mettent à pousser des cris et à courir dans tous les sens, viennent se serrer dans les bras l’une de l’autre, et dans ceux de leur parents. Puis, Cassandra vient se placer devant ses parents et, le visage soudain très sérieux mais fendu d’un large sourire, elle leur lâche, particulièrement déconcertante :
- On recommence ?
Claire et Pierre sourient, se jette un regard émerveillé et murmurent à l’unisson :
- Oui mes filles, on recommence.
Adolescence –Le visage à quelques centimètres du miroir, la bouche en cœur, Cassandra est occupée à se tartiner joliment les cils de mascara noir. Elle à 17 ans, mais elle en fait déjà 20. Izzie, en arrière plan, est assise à son bureau, une feuille sous le nez. Elle compose, chantonnant différents airs de musique de temps à autre pour en intégrer la sonorité. Sa sœur la rejoint après une demi-heure. Elle s’est achetée une nouvelle tenue et ne cesse de faire de petits tours sur elles même, fascinée.
- J’ai vraiment bien fait de la prendre, cette robe ! Bon ok, elle était pas donnée, mais qu’est-ce qu’elle est jolie !
Izzie se détourne de sa copie et admire sa sœur. Elle sourit et acquiesce.
- Bon, c’est pas tout mais ‘faut qu’j’envoie son mail à Nath’, moi, annonce Cassandra, en se tournant vers leur ordinateur qui prend une place sacrée dans leur chambre.
Nath’, alias Nathan, c’est le petit ami de Cassie. Son téléphone hors d’usage, il n’est plus joignable que par Internet, d’autant plus qu’il est en vacances. Et aujourd’hui est un jour spéciale, c’est son anniversaire. Si Cass’ oubliait de le lui fêter, il lui ferait la gueule pendant plusieurs jours. C’était un garçon gentil et super mignon, mais un peu étouffant sur les bords. Et tellement attendrissant que Cassandra ne pouvait se résoudre à le jeter !
Izzie alla s’asseoir à coté de sa sœur, devant l’ordinateur, pour l’aider à rédiger. La douée en écriture, c’était elle, et comme les deux filles ne se cachaient rien, elles faisaient tout ensemble, s’aidant des capacités de chacune. Bien pratique.
Cassandra se saisit de la souris et cliqua sur l’icone Internet. Elle vaqua quelques secondes, dans un silence seulement interrompu par leurs souffles, le frottement de la souris et les clics, et puis elles finirent par arriver sur leur boite mail. Une fenêtre intempestive s’ouvrit soudain devant leurs yeux, et Izzie marmonna :
- Putain mais c’est vraiment chiant ces pubs à la con !
- Izz’, commence pas à être vulgaire, c’est pas grave, regarde, il suffit de cliquer sur la petite croix rouge, ici, annonça Cassandra avec ironie, prenant sa sœur pour une débile. Mais c’était gentil, ne vous méprenez pas.
Au moment ou Cass’ allait cliquer sur ladite croix rouge, Izzie l’arrêta d’un mouvement en posant sa main sur la sienne, sur la souris. Les yeux écarquillés par ce qu’elle venait d’apercevoir dans la fenêtre de pub, elle pointa un coin de l’écran du doigt, étreinte d’une angoisse subite. Cassandra suivit l’indication de sa sœur et en eut le souffle coupé. « WANTED, FOU DANGEREUX ÉCHAPPÉ D’ASILE ». Voilà ce qui était marqué sous la photo d’un jeune homme brun au regard étrangement illuminé. Leur frère.
Elles se jetèrent un regard, sous le choc, et abandonnèrent l’écran d’un même mouvement pour allumer l’imprimante. Une fois la page de pub en main, les deux filles se ruèrent dans l’escalier. Avant de courir dans la cuisine montrer ça à leur mère, elles s’arrêtèrent devant la cheminée et attrapèrent la photo de leur frère, une nouvelle, ou il avait 28 ans, et comparèrent à celle qu’Izzie tenait dans la main. La même. Nouveau regard, aucun son ne sortant de leur bouche. Ce n’était pas possible. Jules ne s’était quand même pas enfui !
Les filles, même si elles n’avaient vécu avec leur frère que durant les deux premières années de leur existence, vouait un attachement certain à sa personne, développé par l’interdiction formelle de leurs parents à lui rendre visite ou lui écrire. « Vous devez l’oublier, les filles, il ne fait plus partie de votre - de notre – vie. » leur avait dit leur mère. Mais elles ne l’avaient pas passé à la trappe, oh que non, elles l’avaient gardé en mémoire, avec l’espoir qu’un jour ils se reverraient. Elles aimaient leur frère comme s’il avait toujours été à leur coté. Et puis, elles étaient certaines, elles, au contraire de leurs parents, qu’il n’était pas fou. Allez savoir pour quelle mystique raison…
Entrant brusquement dans la cuisine, elles firent sursauter leur mère qui épluchait des haricots pour le déjeuner.
- Oh, les filles, que vous arrivent-i…
Elles lui coupèrent la parole en lui fourrant la feuille sous le nez. Dès que madame Adams aperçut la photo de son fils, elle s’arrêta net de parler pour lire avec stupéfaction ce qu’il y avait d’inscrit au dessous : « WANTED, FOU DANGEREUX ÉCHAPPÉ D’ASILE ». Elle porta sa main à son cœur, éreinte d’une soudaine et affreuse sensation de culpabilité et de peur. Les larmes lui montèrent aux yeux, comme a chaque fois qu’elle pensait à son ainé désespérément souhaité oublier, mais ne les laissa pas couler. Elle attrapa la feuille des mains d’Izzie, la roula en boule, se leva avec violence et la fourra dans la poubelle. Puis, se tournant vers ses filles, elle leur hurla :
- Je vous avais dit de l’oublier, les filles ! M’avez-vous seulement écouté ? Je suis très mécontente, que…
- Maman ! Nous sommes tombées dessus par hasard ! répliqua Izzie sur le même ton, qui eut l’effet d’un électrochoc pour Claire.
Jamais ses filles ne lui avaient parlé ainsi. Elle se rassit et enfouie son visage dans ses mains.
- Oh, maman, non, ne pleure pas, murmura Cassandra en s’approchant d’elle. Excuse-nous. Nous ne voulions pas…
Elles commençaient elles aussi à sentir de petits picotements dans leurs yeux, comme à chaque fois que quelqu’un était triste et à proximité. Izzie s’approcha elle aussi et murmura à son tour :
- Pardon, maman. Ce n’est pas grave, passons cette histoire.
Puis elle attrapa le bras de sa sœur et l’entraina dans leur chambre. Elle la fit asseoir sur son lit. Elles étaient toutes deux bouleversée, et un profond sentiment de retrouver leur frère leur étreignait la poitrine. Elles n’allaient pas « passer cette histoire ». Elles n’allaient pas « oublier ». Non.
-
On le retrouvera, répondirent-elles en cœur à leur question muette.
H J Ouf, enfin finit ^^ Désolée, c'est un peu long, je me suis laissée emporter
Je suis la joueuse de Bianca Ruiz également
J'ai 16 ans, et le code Elli dit que c'est ok
=D
VOI-LA ! ^^